Je ne sais pas grand-chose mais je suis sûre de celle-ci : que les animaux, que la nature en général nous offrent la seule chose sans laquelle nos pulsions de mort prendraient définitivement le dessus, c’est à dire la poésie. La nature nous donne de quoi alimenter nos vies en beauté, pour en faire de l’art, des chansons et tout simplement en bonheur de vivre, car la nature est notre muse. En plus du fait qu’elle nous nourrit - et c’est aussi tout un art de bien se nourrir - elle nous construit, et elle nous permet de ne pas être « seulement » des monstres. Ce n’est pas un hasard si à notre époque où la nature est malmenée à un point incommensurable, nous nous auto-détruisons dans le même temps. Notre esprit perd le lien avec notre corps, et donc avec notre nature. Notre négation de la nature, notre refus de la protéger sous couvert d’argent et de pouvoir, sous le prétexte d’une économie « en bonne santé » qui nous a donné des habitudes désastreuses afin d’avoir une vie plus « confortable », ce qui était parfaitement vertueux au départ, (éradiquer les maladies, l’inconfort, la pauvreté etc…) nous a mené vers exactement le contraire de ce que nous prévoyions. Nous sommes malades, obèses, mal logés, ignares, intolérants, les riches qui nous gouvernent (politiquement et économiquement, ce qui est la même chose) sont toujours plus riches et les pauvres toujours plus pauvres, mais nous mourrons, en effet, le plus tard possible, après avoir été soignés de toutes les maladies possibles, souvent relégués dans des hôpitaux sinistres en dehors de nos maisons et loin des gens que l’on aime, ce qui me semble-t-il, n’est pas un progrès du tout. Le principe de précaution qui nous envahit, les codes et les barrières de toutes sortes que nous sommes obligés de construire et d’inventer qui nous prennent un temps monstrueux juste pour arriver à survivre dans cette société, les fausses bonnes idées que nous nous inventons pour « protéger la planète », tout cela contribue au fait que nous oublions juste de vivre pour la beauté du monde. Pour ne pas mourir nous ne vivons pas et c’est exactement ce qui s’est passé pendant nos confinements autocratiques de temps de covid. Dans plusieurs siècles ou plutôt milliers d’années si les humains sont encore là, nous regarderons notre époque comme représentative d’une grande décadence. Ce n’est pas hyper marrant de vivre en plein dedans, mais au moins cela donne à penser. Mais que m’arrive-t-il ? Je voulais parler des oiseaux et du bonheur que j’avais à les regarder et me voilà en train de déconstruire le monde dans lequel je vis. J’ai de la chance, je ne suis ni pauvre ni riche et j’arrive même parfois à être heureuse, et ce qui m’inspire dans ma vie dans mes écrits et mon art, même si je parle du monde et des problèmes de société, c’est la nature, la preuve en est de ce texte. Il ne s’agit pas de nier la civilisation et de redevenir des chasseurs cueilleurs vivant au jour le jour, mais juste de regarder la mort en face, car c’est elle qui fait la beauté de la vie. La nature que nous ne voulons plus voir, nous la met en face des yeux, par son éternel renouvellement. Il faut mourir pour vivre et donner la vie c’est mourir aussi. Nous nous balançons entre la vie et la mort, et c’est cela qui est beau. |