l'araignée.

Ma maison est pleine d’araignées.  A un moment, j’ai embauché une femme de ménage pour m’aider un peu. La première tâche à laquelle elle s’est attelée, a été celle d’enlever les toiles d’araignées. Je pensais que finalement j’allais la laisser faire, car ce n’est pas si facile d’expliquer qu’on a envie de les garder, qu’on aime bien vivre en compagnie d’araignées. Ce serait un peu acter le fait que j’aurai « une araignée au plafond », justement, et de le rendre public au monde, car les femmes de ménage on le sait, ça papote, et c’est bien normal. Elles rentrent chez les autres, sont au courant de la vie intime de leur client, difficile de garder cela pour soi.  Dans un village, les informations circulent vite. Je n’ai plus de femme de ménage pour diverses raisons, mais je crois aussi que c’est parce que je veux garder mes araignées. Mais je ne veux pas être stigmatisée plus que je ne le suis déjà, et pourtant avoir une femme de ménage c’est presque devenir normal, et à mon âge et avec mon « statut social » même s’il est extrêmement fluctuant, ne serait-ce pas dans l’ordre des choses?  ­ ­ ­ ­ Et puis oui, en effet, c’est agréable de rentrer chez soi et de trouver une maison toute propre, car je n’ai jamais aimé passer l’aspirateur,  ce machin bruyant dont il faut s’occuper aussi en retour, et qui nous joue des tours: après une heure d’agitation extrême dans toute la maison, on ne trouve pas ça tellement plus propre qu’avant et alors on s’aperçoit que l’aspirateur était archi plein et n’a pratiquement pas aspiré. Il faut alors changer le sac, et tout recommencer à zéro, et à la fin trainer la chose, enrouler le fil qui ne rentre plus, le ranger là où on n’a pas envie de le voir, le tuyau tombe toujours et on se prend les pieds dedans, on n’arrive pas à l’accrocher, bref les aspirateurs je n’aime pas trop, comme mon chat d’ailleurs, tous les chats que j’ai eu détestent  les aspirateurs, les chats en général, je crois. Les araignées, elles, ne les dérangent pas du tout. ­ ­ ­ ­ J’ai donc beaucoup d’araignées chez moi. La plupart d’entre elles sont des araignées très fines; elles ne sont pas  velues et énormes comme dans certains pays, et c’est aussi pour cela que je les garde. Elles s’appellent des « pholques », ces araignées-là, très élégantes, on pourrait même dire distinguées.  Elles tissent des toiles au plafond ou dans les angles des pièces, et à un moment donné font des dizaines de bébés araignées. On les voit qui les entourent, c’est très mignon, même si on ne peut pas les caresser. Quand on les dérange elles font bouger leur toile à toute vitesse,  et elle-même en même temps puisqu’elles y sont accrochées. Pour brouiller la vue, parait-il. Ou pour faire peur ? J’ai plutôt l’impression qu’elles jouent au trampoline sur leur toile élastique, quand elles font ça! ­ ­ ­ ­  N'empêche, il y a une vraie phobie des araignées et finalement je m’interroge sur les raisons de ces peurs : elles ont beaucoup de pattes, beaucoup plus que nous, ça c’est sûr, et même 2 de plus que les autres insectes. Ce ne sont d’ailleurs pas des insectes, mais des arachnides. Les insectes ont, contrairement à elles, tous des ailes (même si elles peuvent avoir quasiment disparues), et tous des antennes. En revanche les araignées ont des tas d’yeux en plus de toutes ces pattes. Ça, c’est effrayant, même si on ne voit pas beaucoup tous ces yeux minuscules qui nous regardent… Puis ce sont des prédateurs. Elles aiment les coins tranquilles, plus ou moins abandonnés, mais surtout elles se cachent, et nous sommes toujours embêtés par les êtres qui n’aiment pas se montrer, car il est plus ou moins inclus dans le fait de se cacher que l’on est coupable de quelque chose. L’histoire de l’humanité nous montre que cette assertion est fausse : on se cache souvent aussi des autres parce qu’ils ont plus de pouvoir que nous et peuvent donc nous faire du mal s’ils n’apprécient pas nos activités, ou juste nous-même pour des raisons qui n’ont rien à voir avec une faute commise ou éventuellement à commettre. Dans le cas de l’araignée, c’est plutôt ça. Nous avons des balais et des aspirateurs, et aussi des « loups » dans les maisons hautes de plafond, et même si elles nous font peur, on a une certaine autorité sur elles. On fantasme beaucoup sur les araignées alors qu'elles sont assez inoffensives, et nous rendent même des services.       ­ ­ ­ ­ En fait les araignées ont juste envie d’être tranquille, dans un coin qui ne dérange personne, hors de la vue des humains mais sur le passage des insectes, pour pouvoir les attraper et les digérer au calme. Certains suspendent ces affreux scotchs collants jaunes au plafond de leur cuisine pour attraper les mouches, que l’on voit alors agoniser les pattes collées, les ailes bruissantes, s’épuisant à essayer de s’envoler, alors sincèrement, pourquoi ne laissons pas les araignées s’en occuper ! Ça leur fait leur pitance, et l’ensemble du processus participe au cycle de la vie. Elles mangent aussi des tas d’insectes nuisibles, de ceux qui nous piquent par exemple.  ­ ­ ­ ­ Et puis, une toile d’araignée c’est très beau. Il y en a de toute sorte et elles peuvent être d’une poésie merveilleuse. On aimerait bien, encore une fois, pouvoir créer des œuvres aussi belles.  On s’en inspire, artistiquement mais aussi scientifiquement, non seulement pour tout ce qui est tissé, mais aussi des formes et des structures de leurs ouvrages si solides, afin de dessiner puis de construire les nôtres. Et bien sûr nous essayons de comprendre cette matière incroyable que l'araignée fabrique et tisse. Je crois que l’on a fait des recherches sur la composition et la structure de ces soies pour imaginer  comment fabriquer cet « ascenseur de l’espace » dont on parle :  un immense câble accroché à la terre qui resterait tendu, car la terre tourne (comme lorsque vous êtes sur un manège, votre nacelle a tendance à se mettre  à la perpendiculaire de l’axe du manège qui vous fait tourner). Sur ce câble immense, inspiré du fil de l’araignée,  une navette qui permettrait de grimper et de dépasser la zone de l’attraction terrestre, et ainsi de pourvoir envoyer des engins dans l’espace sans utiliser toute cette énergie nécessaire à mettre en branle à chaque fois que l’on veut  s’arracher de la pesanteur.     Donc un genre de manège de l’espace. Quand on voit les araignées se laisser porter par le vent au bout de leur fil, comme si elles volaient, on est sûrement un peu jaloux : elles sont comme nous, elles n’ont pas d’ailes, et pourtant se débrouillent bien mieux pour voler. Ce sont les reines de la légèreté. D’ailleurs ce n’est pas pour rien qu’on a inventé « spider man », l’homme araignée, un type avec le pouvoir de se déplacer comme le vent, de sauter d’immeuble en immeuble en projetant puis en se balançant à son fil, d’attraper et d’emprisonner les voleurs dans sa toile, et donc en gros capable de sauver un peu l’humanité.  ­ ­ ­ ­ Si j’aime les araignées c’est aussi sans doute grâce à cette  photo de mon grand-père dont j’ai retrouvé la plaque. C’est celle-là que j’avais choisie pour la carte d’invitation de l’exposition de tirages géants que j’ai fait réaliser de ses photos d’insectes. L’araignée dérange, elle n’est pas très civilisée et c’est sans doute pour cela que je l’aime bien.  Et surtout, je me sens protégée chez moi, grâce à mes araignées.   ­ ­ à retrouver sur mon blog l'expo à Rome des insectes. ­ ­ ­ ­ ­ ­ ­ ­ ­ ­ ­ ­ Spider-Man, Spider-Man, Does whatever a spider can Spins a web, any size, Catches thieves just like flies Look Out! Here comes the Spider-Man. Is he strong? Listen bud, He's got radioactive blood. Can he swing from a thread? Take a look overhead Hey, there There goes the Spider-Man. In the chill of night At the scene of a crime Like a streak of light He arrives just in time. Spider-Man, Spider-Man Friendly neighborhood Spider-Man Wealth and fame He's ignored Action is his reward. To him, life is a great big bang up Wherever there's a hang up You'll find the Spider-Man. ­ ­ ­