Il y a exactement 2 ans, je commettais un délit. Sur le moment, j’ai eu vaguement conscience que je dépassais les bornes, mais pas à ce point. La maison dans laquelle j’allais habiter était en travaux et j’avais des problèmes avec un maçon. Suite à son intervention, des fuites importantes sont apparues, mais comme Il ne voulait pas reconnaitre ses erreurs et qu’il pensait que j’en avais « contre lui », j’ai dû batailler plus d’un an pour obtenir gain de cause.
C’était un maçon que je ne connaissais pas, mais j’avais décidé de faire travailler des gens du coin. J’avais envie (et besoin) de lui faire confiance, comme aux autres entreprises qui travaillaient en même temps que lui sur le chantier. Je me suis quand même aperçue qu’il n’était pas très sympathique, ni lui ni ses deux ouvriers, mais ne me suis pas trop alarmée. J’avais le nez dans le guidon, et le chantier devait avancer avant l’arrivée du déménagement.
Les travaux n’étaient pas encore tout à fait finis, quand je me suis installée dans la maison. Même si les entreprises s’approprient les lieux pendant le chantier ce qui est tout à fait normal, s’ils doivent revenir sur place pour les finitions, il y a un minimum de règles à respecter. Ce n’est plus un chantier ouvert à tous vents, mais une habitation privée, dans laquelle ils viennent alors travailler.
Un après midi, alors que j’étais en train d’écrire sur mon ordi à moitié allongée sur mon lit, je vois apparaitre un homme à ma fenêtre juché sur une échelle, un tube de silicone à la main. C’était le maçon qui ne m’avait même pas prévenu de sa venue. Les nouvelles fenêtres avaient été mal finies et mal posées, et je ne savais pas ce qu’il comptait faire avec son tube de silicone car le problème était plus grave que ça, mais j’ai décidé de ne pas lui faire de remarques. Nos litiges venaient à peine de commencer et je ne voulais pas mettre le feu aux poudres.
Du coup j’ai quitté ma chambre, et suis descendue me faire un café. La cuisine donne sur le jardin mais comme le terrain est en pente, elle est à moitié enterrée, et devant la fenêtre on a le sol extérieur au niveau des yeux. J’étais contente de pouvoir admirer tous ces coquelicots qui se balançaient en lieu et place des sac de gravats. Ici, c’est le pays des coquelicots, le sol sableux des alluvions de la Seine leur convient parfaitement, et c’était la première fois que j’en avais autant dans mon jardin. Je venais aussi de faire des semis de cosmos et autres fleurs d’été. J’étais ravie d’être enfin chez moi.
Quelques minutes plus tard j’entends des pas qui approchent. Le maçon arrive et se poste devant la baie, son éternel tube de silicone à la main. C’est alors que je vois ses énormes chaussures de chantier noires, devant mon nez, qui se mettent à piétiner mes fragiles coquelicots……
Là je n’ai pas pu me retenir, je me suis précipitée dehors, furieuse, et je l’ai engueulé. Non seulement parce qu’il ne m’avait pas prévenu de sa présence, puis à cause de ses travaux merdiques, et surtout je lui ai demandé de sortir de la plate-bande où il écrasait les fleurs. Il me regarde, regarde ses pieds, et après un temps de silence, me répond d’un air abruti : « c’est que des coquelicots ! » (sic) . J’étais hallucinée, et je lui crie à nouveau de se barrer de là. J’étais vraiment super énervée. Comme il ne bougeait toujours pas, j’ai fini par le pousser, à l’épaule, et c’est là que je me suis dit que je n’aurai pas du. Il n’a pas plus bougé que ça, mais après un moment de stupeur, je vois sa tête changer d'expression : Il devient tout rouge et se décide enfin à partir en me menaçant d’une voix blanche : « vous n’avez pas fini d’entendre parler de moi ! ». Puis, je le vois revenir et passer en retour avec un sac de ciment sur son épaule, qu’il avait dû oublier dans la grange.
Quelques semaines plus tard, je reçois dans ma boite aux lettre une convocation au commissariat pour : « faits de violence n’ayant entrainé aucune incapacité de travail ». Je n’en revenais pas, j’avais l’impression que le monde s’écroulait.
La machine était lancée. Au commissariat, la brigadière-cheffe, Madame « Courage », m’a fait rejouer la scène dite « de violence ». C’est là que l’on comprend que le corps peut parler malgré soi. Je lui ai demandé si je pouvais porter plainte moi aussi pour violation de domicile et elle m’en a découragé. Puis il y a eu un autre rendez-vous de « confrontation », avec la « victime ». Elle, la victime, le maçon en l’occurrence, ne démordait pas du fait que j’avais pris mes deux points, comme si je me serrai la main à moi-même, et que je l’avais frappé plusieurs fois dans le dos. De plus, lors du dépôt de sa plainte, le lendemain de notre altercation, Il était arrivé avec une attestation du médecin disant qu’il avait des « contusions dorsales » et qu’il avait reçu un « choc psychologique ».Il etait tellement troublé et il avait tellement mal en effet, qu' il a même pensé à venir reprendre un sac de ciment à 11euros et de 20 kilos oublié dans la grange...
Au cours de cette confrontation, pendant laquelle il débitait ses mensonges, la brigadière-cheffe, vu les circonstances, lui a fait comprendre que sa plainte ne mènerait pas à grand-chose, et qu’il valait mieux la retirer. Ce qu’il a fini par faire. J’imaginais donc que tout était réglé et que j’étais enfin libérée. Ouf…. Tous ces événements se sont étalés sur plusieurs mois d’angoisse. Cette histoire me mettait dans tous mes états. Moi, j’’étais en « choc psychologique », assez grave justement.
Mais je me trompais, car quelques temps après, en rentrant de vacances, une nouvelle surprise m’attendait gentiment dans ma boite aux lettres : « Vous avez été reconnue coupable de faits de violence etc… et êtes condamnée à payer la contravention de… » Il y avait eu un jugement simplifié, prononcé d’après le procès-verbal que la brigadière-cheffe avait envoyé au procureur, selon la procédure classique. J’étais hallucinée…
Une avocate « amie d’ami » me conseille au téléphone et me dit que je peux faire opposition. L’amende n’était pas énorme et j’aurai pu me débarrasser de toute cette histoire en la payant, mais je ne supportais pas l’idée de cette injustice, je ne supportais pas l’idée de devoir payer une amende pour la faute, qui en effet était mienne, ( mais la justice n'avait pas à s'en mêler) , d’avoir engagé un maçon si nul, et de l’avoir mal si mal géré, mais surtout de payer pour toutes les angoisses que j’avais subies à cause de lui, du temps perdu à essayer de faire réparer ses travaux mal faits, sans parler des dommages matériels causés à la maison. C’était double, triple quadruple peine pour moi, je voulais qu’on reconnaisse que mon geste malheureux (et non violent) n’était que « peanuts » comparé à tout ce que ce type m’avait fait subir. Puis il avait menti, non seulement au médecin mais aussi à la police et à moi, et ça aussi c’était insupportable. Tout ça je voulais qu’on l’entende, officiellement.
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