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mercredi 4 novembre 2020

Confinement numéro 2

 

 
 
 
Sans le printemps qui démarre, sans les feuilles qui se déploient, comment va t-on vivre ce "confinement"? Nous sommes dans le processus inverse de celui du mois de Mars et Avril. Les feuilles tombent, les jours raccourcissent, il pleut, et même si quelques tomates ont encore réussi à mûrir, je n'arrive pas à croire que je pourrai vivre cette période-ci de la même façon qu'au printemps dernier. J'ai plutôt envie de me replier sur moi, de mettre au lit et de dormir toute la journée, et toute la nuit aussi, tiens. La douceur de l'air fait que les hérissons ne sont pas encore entrés en hibernation, je le sais car ils viennent encore chiper les croquettes du chat, qui les regarde avec un air assez offusqué. Je les entends quand ils entrent dans la gamelle en fer qui est toujours dehors, qui fait alors "gling, gling", et le chat pensant que c'est le signal de l'approvisionnement se pointe aussi, il sort de son sommeil profond en une nano seconde pour être là au cas où quelque chose d'intéressant se présenterait dans cette fichue gamelle, pour apaiser sa faim inextinguible.
 
 
 
Jeune herisson dans la gamelle
 
Fière de son tableau de chasse
 
 
Les hérissons sont très maladroits quand il s'agit de manger dans des assiettes. Ils n'en ont à rien à fiche des règles de bonne conduite à table ou en société. Et ils ne pensent pas que le bruit qu'ils font pourrait alerter un quelconque autre animal à qui la gamelle serait destinée. Ils pensent que le monde est à eux. Et ils ont bien raison. En tous cas, il n'est pas à nous, même si nous sommes peut être propriétaires d'un terrain, d'une maison ou d'un appartement. Même si nous versons tous nos ordures dans l'eau, comme si le fait qu'elle coure et qu'elle emporte nos déchets avec elle était une raison suffisante pour croire qu'on ne les reverrait jamais. Tout nous revient toujours. En boomerang.
 
 
Pour revenir aux hérissons, ce sont des animaux qui me touchent. Bien sûr ils sont très mignons, avec leur nez pointu et leurs piquants sur le dos. Mais aussi ce sont les seuls mammifères "sauvages", que nous voyons encore dans nos jardins, pour peu qu'ils soient un peu broussailleux et pas trop tondu. Il y a aussi les petits rongeurs, mais ceux ci se font plus discrets, et en général on les chasse, ils sont considérés nuisibles. Quand à la taupe, on lui fait subir un vilain sort quand elle dérange l'ordonnancement de notre pelouse de ses petits tas de terre. Pourtant elle est touchante aussi avec son pelage si doux et ses grosses pattes "pelleteuses". Mais on la voit très rarement évidement. Elle aère la terre, elle est tout aussi utile que les autres animaux du jardin. Les hérissons se baladent beaucoup pour chercher leur nourriture, et ils se font écraser sur les routes pendant leur pérégrinations. Les voitures sont leurs "prédateurs", ainsi que les tondeuses, les roto-fils, les grillages trop serrés dans lesquels ils se coincent. Le feu qu'on allume au tas de feuilles mortes sous lequel ils font leurs nids. Les granulés anti-limaces, absorbés par la limace et par le hérisson qui mange la limace. Et j'en passe. Donc le seul prédateur du hérisson, c'est l'homme. Et ils sont en train de disparaître. (pas les hommes) Ils n'ont plus assez de bestioles pour se nourrir, et ils ont aussi du mal à trouver de l'eau. (comme nous bientôt) Alors les croquettes industrielles des chats sont leur aubaine. Espérons qu'ils ne deviennent pas obèses. (comme nous)
 
 
Ils peuvent marcher très vite, les hérissons, malgré leurs toutes petites pattes. Un jour j'en ai suivit un après qu'il soit venu inspecter la gamelle du chat. Il est allé à toute vitesse sous le prunier pour boulotter des petits morceaux de prunes bien mûres tombées au sol. Puis il a filé sous le pommier mais pas assez blettes les pommes. Apres il s'est rendu compte que je le suivais et s'est caché sous un tas de bois. Peut être aussi allait-il y farfouiller pour chercher des insectes. Oui nous avons des animaux sauvages dans nos jardins, et je suis toujours émerveillée de ce "cadeau". C'est con comme mot, ça fait un peu politiquement correct: le "cadeau" de la nature...Mais en ce moment de quoi parler d'autre? C'est magique de voir encore des animaux, en cette période où nous nous rendons enfin compte que nous sommes en train de les tuer tous.
 
 
Mais le sentiment que j'ai, la sensation que j'ai depuis toujours, est celle de la sécurité. Je me sens en sécurité lorsque j'entends les oiseaux, lorsque les mouches volent dans la pièce où je suis, quand j'aperçois une souris dans l'encoignure, quand j'entends le "gling, gling" du hérisson, quand les araignées font leurs toiles au dessus de mon lit, quand une chauve souris vole en rond dans la pièce où je lis le soir, fenêtres grandes ouvertes en été, flap, flap, flap . Je me sens en sécurité lorsqu' il y a des arbres autour de moi. Avant je ne comprenais pas pourquoi je m'apaisais avec la nature. Je ne savais pas la "raison".
 
 
 
Mon corps avait compris avant ma tête que la nature était nécessaire à ma vie. Si la nature disparaissait je disparaîtrai avec elle. Quand j'étais petite je ne supportais pas que mon père coupe un arbre. J'avais mal au ventre. Cela m'était insupportable, j'entrais dans des colères noires, je ne savais pas pourquoi, je l'engueulais, le tapais, je voulais m'enchaîner à l'arbre. C'était plus fort que moi. Je pensais qu'il le faisait "contre" moi. Qu'il le faisait exprès pour m'emmerder. Personne ne comprenait pourquoi je me mettais dans des états pareils, on me disait folle. Et bien oui, il le faisait contre moi, réellement, contre nous, même s'il est parfois nécessaire de couper des arbres, pour y voir clair, pour avoir la vue, pour ne pas avoir de feuilles et ainsi un jardin "propre" comme ma voisine. Il y a des tas de bonnes ou de mauvaises raisons. Quand on en coupe un, quoi qu'il arrive on le fait "contre" la vie. Dans tous les cas. Sachons le et prenons conscience de ça. Même si on le fait quand même.
 
 
Bien sûr je suis dans un grand dilemme à ce sujet. Je voudrai voir la Seine, les péniches les cygnes, (et les ordures qui flottent) mais elle est cachée par des tas d'arbres qui poussent au bord de l'eau. Pendant le confinement dernier, j'ai dégagé un peu la vue, et avec le bois j'ai commencé une cabane dans les trois peupliers qui sont près du chemin de halage. Mais ce n'est pas suffisant, et tout a déjà repoussé, la vue est de nouveau bouchée. il faut que je continue mais j'ai vraiment du mal à m'y mettre car j'ai des scrupules. On me dit : mais c'est dommage, on ne voit pas la Seine! En plus la tronçonneuse n'est pas un outil très agréable à manier. Dommage que mon père ne soit plus là pour me donner un coup de main.
Nous sommes plein de contradictions.
 
 
 
A retrouver sur mon BLOG
 
 
 

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