Libellés

ECRITURE (60) EVENEMENTS/NEWS (17) HONORINE (36) PHOTOS (24) POEMES (12)

jeudi 17 décembre 2020

Les vieux capots de voiture

Les vieux capots de voiture
 


Lorsque j'ai déménagé du sud-ouest, j'ai fait faire un devis par des déménageurs. Il était compris dans le prix le fait que le déménagement se faisait en deux temps. Tout était d'abord transporté et stocké dans une des granges de la maison, grâce à la permission du nouveau propriétaire, puis quelques mois après, on ne savait pas trop combien, tout était apporté dans ma nouvelle maison .
Bien sûr il était prévu de déménager mon atelier. J'avais fait un immense tri de mes bouts de ferrailles pour ne garder que les "plus importants". Ce déménagement n'était pas très conventionnel et les bouts de ferrailles n'étaient pas emballés, ça aurait été difficile. La fille qui avait fait le devis m'avait dit que je pouvais laisser tout en vrac.
Un an après je reviens sur place pour accueillir les déménageurs et vérifier que tout se passe bien lorsqu'ils rempliraient le camion avec mes affaires, direction ma nouvelle maison dans les Yvelines.
Il s'est alors passé quelque chose que j'ai trouvé étrange sur le moment: les types qui chargeaient le camion avaient des réticences pour transporter mes bouts de ferrailles, dont mes vieux capots de voiture. Ils n'ont pas tout pris sous prétexte qu'ils n'avaient plus de place dans le camion. Il reviendraient donc prendre le reste semaine suivante... 
 
 
 
Il me faut donc parler de ces capots de voiture: lorsque nous avons acheté la maison à Labatut-Riviere nous avons trouvé des petits abris disséminés dans le jardin.  Il nous a fallut faire une petite enquête avant de comprendre: remarquer les traces de petits plombs sur les façades de la maison autour des fénestrons du grenier, puis dans la "tour" qui était encore vide de plancher et de toiture mais habitée par des dizaines de pigeons. Trouver des douilles de fusil de chasse un peu partout dans l'herbe, et apprendre que le seul habitant humain de cette maison dans les dix dernières années précédant notre installation était Monsieur Blandin. Un ancien garde-chasse, qui vivait de pas grand chose, et se nourrissait de petit gibier. Il s'était donc construit des affûts avec de vieux capots de 4L, de 4 chevaux et d'autres morceaux de veilles voitures non identifiées encore à ce jour, dans lesquels il s'asseyait pour guetter son dîner.
 
 
 
J'ai déjà parlé de Monsieur Blandin. Il a fini sa vie à Labatut, et de son fauteuil favori, celui près du poêle à mazout, dans lequel il a été trouvé mort, il pouvait par un jeux de miroir, fait avec deux vieux rétroviseurs, voir ce qui se passait dans le fond du jardin. Il devait avoir une bonne vue. Je ne sais pas si par ricochet il arrivait aussi à tirer son "souper" de son fauteuil.
J'ai aussi raconté que Jürgen qui venait d'acheter une 4L beige, a effrayé un soir tout le village: Blandin avait la même, qu'il garait à l'exacte place où Jurgen avait garé la sienne. Les habitants ont cru qu'il était ressuscité. Apparemment c'était un original, qui était moyennement apprécié. Il était assez sale portait un chapeau chinois pointu en paille, et offrait des pastis à ses visiteurs dans des verres noirs de crasse. La ressemblance avec Jurgen ne dépassait pas l'histoire de la voiture.
Donc ces capots, ils avaient une histoire, des histoires, et je les voulais absolument pour mon nouveau chez moi, ils étaient précieux, et en plus pour moi les voitures, la voiture en général est un sujet épineux.
 
 
 
Je n'aime pas trop les voitures de maintenant. Les voitures de maintenant sont des objets de fin de cycle, les voitures de maintenant ne "devraient" plus être, puisque l'énergie qui les fait marcher, aussi bien le pétrole que l'électricité sont des énergies non vertueuses, et leurs design s'en ressent. Leur matériaux, le plastique qui les compose maintenant en grande partie, associé à l'électronique posent de nombreux problèmes de pollution, comme on le sait. Au lieu de changer de mode de déplacement, on essaie d'améliorer l'existant, on essaie de garder "la voiture" en la trafiquant, en rajoutant des filtres, des essences trafiquées, des artifices électroniques nous faisant croire que nous sommes protégés, coachés, nous laissant imaginer que la voiture est un objet ultra moderne, qui va tout faire à notre place… Ses formes son moteur, ses gadgets sont représentatifs de cette fin d'époque mais on s'y accroche malgré tout, à "la bagnole". Dans l'inconscient collectif, la voiture est un élément incontournable de la puissance et de la virilité. Dans le parfaitement "conscient " des mecs aussi d'ailleurs. Il va bientôt falloir leur trouver autre chose. Bref les voitures de notre époque ne m'intéressent pas  sauf comme sujet de critique. Un peu comme les canapés. C'est un sujet sensible aussi les canapés, dans notre monde moderne et civilisé. Les gens s'endettent aussi pour le canapé de leur salon. Mais c'est un autre sujet.
 
 
 
Donc ces vieux capots appartenaient à des voitures décomplexées, qui avaient été fabriquées une époque où elles avaient "un sens" comme on dit maintenant à tour de bras. Si on le dit autant c'est peut être parce que qu'on a du mal à le trouver, ce fameux sens, alors quand il y en a, on insiste.

 
 
 
Les déménageurs ont donc rechigné à transporter mes vieux capots de voiture, j'ai du leur expliquer ce que je faisais comme boulot, que j'étais artiste, que je travaillais avec de la récup, et je leur ai même acheté des pizzas pour leur déjeuner. Je suis trop bête!!. Car évidement rien de tout ça ne les a rassurés, au contraire. Je pouvais me débattre tant que je voulais, les artistes ça ne rassure pas, ça inquiète, point. Et ceux qui travaillent des vieux bouts de ferrailles au lieu de travailler du marbre par exemple, font même un peu peur. Donc bien sûr, la semaine d'après, ils ne sont pas revenus chercher la seconde partie de mon déménagement. je ne me suis pas laissée faire et ça a été chaud. Ça a été une galère pas possible et je ne vais pas la raconter, mais maintenant j'ai trouvé quoi faire avec mes vieux capots de voiture. Si je n'avais eu que des cartons bien parallélépipède rectangle dans mon déménagement, je n'aurai pas eu tous ces problèmes. Les capots de voiture ont pris beaucoup de valeur car il a fallut que je me batte pour eux.
 
 
 
C'est un art de vivre la discut devant le capot de la voiture ouvert., moteur en route.  Ici autour de ma 4o4.
 
 
Donc en ce moment, je m'occupe d'eux, de mes capots, je les mets en valeur, je soude, coupe, meule, pli, découpe, assemble, j'en prends plein le nez, les oreilles, j'ai les mains pleine de blessures, les cheveux plein de poussière de métal, et mon atelier est dans un bordel noir. Je m'amuse bien avec mes vieux capots de voiture, et quand ils seront exposés à la Tate moderne j'inviterai les déménageurs qui m'ont tellement fait chier. Non, en fait j'inviterai plutôt Monsieur Blandin. Je peux inviter qui je veux même des gens morts parce que tout ça est une supposition. On boira du pastis pur pour le vernissage, dans des verres de cuisine un peu sale et il faudra avoir du cambouis sur les mains, ce sera très chic. Et puis j'inviterai Lovato, le garagiste de Maubourguet (quand même il était prédestiné avec son nom, à une lettre prés!)  qui a mis 6 mois pour me réparer ma 404, accompagné de son chat roux à trois pattes, celui qui dort sur ses piles de vieux catalogues de pièces détachées. Et aussi Matthew Crowford qui raconte très bien comment on perd notre nécessaire relation au monde physique, dans "L'éloge du carburateur" et "Contact". Et évidement Jürgen . Je crois qu'il a passé trop de temps le nez sous le capot de la 404. Bon je règle un peu mes comptes, mais l'écriture c'est fait pour ça, et les vieux capots de voitures me replongent dans un monde ancien.
Vroum! Vroum!
 
 
 
Le type à la casquette de l'image au dessus était un collectionneur de veilles voitures.
Lorsqu'à sa mort son entrepôt a été découvert, ça a fait le buzz dans le monde des collectionneurs de voiture car il y avait des trésors!! 
 
 
 
Son entrepôt près de chez nous était rempli.
 
 
 
Une vente aux encheres extraordinaire a eu lieu l'année dernière. Les collectionneurs de voiture du monde entier n'en revenaient pas. 
 
 
 
Vous avez vu celle là! Ça c'est de la voiture!
 
 
 
Le garage de Lovato et sa collection de voiture d'enfant.
 
 
 
 Ça, c'est celui qui ne veut plus trop me parler. Ce texte est en son hommage.
 

 

mercredi 25 novembre 2020

LE MERLE

Le Merle
 

Chaque soir des centaines d'oiseaux blancs remontent la Seine. Je me demande pourquoi. Ils volent très près de l'eau, en silence et s'y reflètent, je les vois de loin. Ils se détachent sur le reflet sombre que font les arbres et les coteaux de la rive opposée à la mienne.
Rive gauche donc. Pourquoi volent-ils plutôt le long de la Rive Gauche? Ce n'est évidement pas parce qu'ils ont des a priori. Je crois que les oiseaux ne s'intéressent pas tout à fait aux mêmes choses que nous. J'aimerai bien qu'ils volent près de ma rive pour que je sache qui ils sont. Je n'ai pas encore eu l'occasion de les regarder à la jumelle.
 
 
 
Aujourd'hui, j'ai emprunté toutes les voies rapides entre l'autoroute, Leroy Merlin où je devais acheter des baguettes à souder, qui est aussi rive gauche, et le super-marché où je devais aussi aller acheter de quoi manger, Il y a là bas dans cette zone, un embrouillamini de rond-point, déviations, entrées, sorties, ponts, souterrains et j'en passe qui me font complétement perdre le sens de l'orientation.Qui est assez déficient à la base, donc vous pouvez imaginer les tours et les détours que je peux faire. Je suis passée trois fois au dessus de la Seine, dans un sens puis dans l'autre puis de nouveau dans l'autre sens, ai emprunté trois fois l'autoroute pour essayer de sortir là où l'on voit apparaître le "roi Merlin" en question et enfin j'y suis arrivée. Je n'avais pas mon téléphone donc pas de GPS. Généralement je le suis scrupuleusement car je n'y comprends jamais rien.
 
Le retour Rive Droite était plus facile, et je suis arrivée au super-marché sans trop me tromper après avoir une quatrième fois pris l'autoroute, puis le pont pour traverser la Seine. Je ne sais pas si le GPS est né après tous ces tourbillons que nous ont dessinés les ingénieurs des ponts et chaussées ou l'inverse, mais l'un sans l'autre, ça ne marche pas. A Atlanta j'adorai les "spaghettis-junction" que j'empruntais avec ma Chevrolet Impala coupée de ville des années soixante dix, mais là bas j'étais tous les jours dans un film, tandis que maintenant je suis juste dans la vie quotidienne de la grande banlieue parisienne. Même si parfois je trouve tout ça assez beau. Il y a un château d'eau que j'aime beaucoup, et quelques cheminées dont celles de Porcheville qui me guident et mettent un peu de verticalité et de cohérence dans ces paysages bordéliques. Bien sûr la Seine est là. Elle est très belle, toute en miroir et en lumière. Pourquoi aimons nous tant l'eau? Parce que nous en sortons sans doute.

En sortant du super-marché, je me suis demandée pourquoi les rayons "librairie" étaient entourés de bandes à raies blanches et rouges pour nous en interdire l'accès, puis évidement j'ai compris. Je ne vais pas revenir sur le sujet mais quand même, en quoi les chocolats de Noël dont les rayons voisins étaient déjà pleins et accessibles, sont-ils plus "premièrement nécessaires" que les livres? 
 
Je marchais donc vers ma voiture sur le parking, et tout d'un coup j'entends à travers le bruit du trafic, le chant d'un oiseau qui m'a paru tout à fait anachronique. Je n'en croyais pas mes oreilles, c'était un Merle! Il sifflait tout son répertoire, pas juste les bribes à peine esquissées que l'on entend parfois quand il se met à faire beau en plein hiver. Il s'en donnait à cœur joie. Le jour tombait, c'était en effet son heure, mais pas la bonne saison. Avait-il lui aussi perdu le Nord? Mes sentiments à propos de ce chant étaient très mitigés. J'étais à la fois contente de l'entendre, car le chant du Merle nous annonce le printemps et la perspective des jours longs et de la chaleur, mais comme je savais que ce n'était pas ça, j'avais un peu le ventre serré. Le monde était-il devenu si dérèglé que les Merles se mettent à chanter à la fin de l'automne? Et je le plaignais un peu ce Merle, devenu fou à cause de nous.
 
Ou alors les Merles sont en train de s'éloigner de leurs instincts, et se mettent à chanter quand ils en ont envie. Ce qui veut dire que le Merle, celui là en tous cas, est en train de se civiliser, et de comprendre consciemment que son chant est un petit chef d'œuvre. Alors il n'y a aucune raison pour qu'il ne se permette pas de le fredonner à la fin de l'automne au dessus du parking d'un super-marché, pour donner un peu de beauté à cette fin de journée.
 
Et bien oui, il veut aussi se trouver une Merlette maintenant, il en a assez d'attendre le printemps, et il fera ses merleaux quand il veut, même en plein hiver. Est-il en train de donner le signal de départ d'une inversion de paradigme? Puisque nous, les humains perdons tout sens des réalités, c'est bien le moment pour les animaux de prendre un peu la relève. Et si mes centaines d'oiseaux blancs quotidiens volent Rive Gauche, ce n'est donc pas par hasard. Bientôt ils se réuniront aux Deux Magots, et décideront qui aura le Goncourt. ça nous changera un peu.

(Relire "La ferme des animaux", non?. George Orwell est décidemment l'auteur qui colle le mieux à notre époque.)
 

 

mercredi 4 novembre 2020

Confinement numéro 2

 

 
 
 
Sans le printemps qui démarre, sans les feuilles qui se déploient, comment va t-on vivre ce "confinement"? Nous sommes dans le processus inverse de celui du mois de Mars et Avril. Les feuilles tombent, les jours raccourcissent, il pleut, et même si quelques tomates ont encore réussi à mûrir, je n'arrive pas à croire que je pourrai vivre cette période-ci de la même façon qu'au printemps dernier. J'ai plutôt envie de me replier sur moi, de mettre au lit et de dormir toute la journée, et toute la nuit aussi, tiens. La douceur de l'air fait que les hérissons ne sont pas encore entrés en hibernation, je le sais car ils viennent encore chiper les croquettes du chat, qui les regarde avec un air assez offusqué. Je les entends quand ils entrent dans la gamelle en fer qui est toujours dehors, qui fait alors "gling, gling", et le chat pensant que c'est le signal de l'approvisionnement se pointe aussi, il sort de son sommeil profond en une nano seconde pour être là au cas où quelque chose d'intéressant se présenterait dans cette fichue gamelle, pour apaiser sa faim inextinguible.
 
 
 
Jeune herisson dans la gamelle
 
Fière de son tableau de chasse
 
 
Les hérissons sont très maladroits quand il s'agit de manger dans des assiettes. Ils n'en ont à rien à fiche des règles de bonne conduite à table ou en société. Et ils ne pensent pas que le bruit qu'ils font pourrait alerter un quelconque autre animal à qui la gamelle serait destinée. Ils pensent que le monde est à eux. Et ils ont bien raison. En tous cas, il n'est pas à nous, même si nous sommes peut être propriétaires d'un terrain, d'une maison ou d'un appartement. Même si nous versons tous nos ordures dans l'eau, comme si le fait qu'elle coure et qu'elle emporte nos déchets avec elle était une raison suffisante pour croire qu'on ne les reverrait jamais. Tout nous revient toujours. En boomerang.
 
 
Pour revenir aux hérissons, ce sont des animaux qui me touchent. Bien sûr ils sont très mignons, avec leur nez pointu et leurs piquants sur le dos. Mais aussi ce sont les seuls mammifères "sauvages", que nous voyons encore dans nos jardins, pour peu qu'ils soient un peu broussailleux et pas trop tondu. Il y a aussi les petits rongeurs, mais ceux ci se font plus discrets, et en général on les chasse, ils sont considérés nuisibles. Quand à la taupe, on lui fait subir un vilain sort quand elle dérange l'ordonnancement de notre pelouse de ses petits tas de terre. Pourtant elle est touchante aussi avec son pelage si doux et ses grosses pattes "pelleteuses". Mais on la voit très rarement évidement. Elle aère la terre, elle est tout aussi utile que les autres animaux du jardin. Les hérissons se baladent beaucoup pour chercher leur nourriture, et ils se font écraser sur les routes pendant leur pérégrinations. Les voitures sont leurs "prédateurs", ainsi que les tondeuses, les roto-fils, les grillages trop serrés dans lesquels ils se coincent. Le feu qu'on allume au tas de feuilles mortes sous lequel ils font leurs nids. Les granulés anti-limaces, absorbés par la limace et par le hérisson qui mange la limace. Et j'en passe. Donc le seul prédateur du hérisson, c'est l'homme. Et ils sont en train de disparaître. (pas les hommes) Ils n'ont plus assez de bestioles pour se nourrir, et ils ont aussi du mal à trouver de l'eau. (comme nous bientôt) Alors les croquettes industrielles des chats sont leur aubaine. Espérons qu'ils ne deviennent pas obèses. (comme nous)
 
 
Ils peuvent marcher très vite, les hérissons, malgré leurs toutes petites pattes. Un jour j'en ai suivit un après qu'il soit venu inspecter la gamelle du chat. Il est allé à toute vitesse sous le prunier pour boulotter des petits morceaux de prunes bien mûres tombées au sol. Puis il a filé sous le pommier mais pas assez blettes les pommes. Apres il s'est rendu compte que je le suivais et s'est caché sous un tas de bois. Peut être aussi allait-il y farfouiller pour chercher des insectes. Oui nous avons des animaux sauvages dans nos jardins, et je suis toujours émerveillée de ce "cadeau". C'est con comme mot, ça fait un peu politiquement correct: le "cadeau" de la nature...Mais en ce moment de quoi parler d'autre? C'est magique de voir encore des animaux, en cette période où nous nous rendons enfin compte que nous sommes en train de les tuer tous.
 
 
Mais le sentiment que j'ai, la sensation que j'ai depuis toujours, est celle de la sécurité. Je me sens en sécurité lorsque j'entends les oiseaux, lorsque les mouches volent dans la pièce où je suis, quand j'aperçois une souris dans l'encoignure, quand j'entends le "gling, gling" du hérisson, quand les araignées font leurs toiles au dessus de mon lit, quand une chauve souris vole en rond dans la pièce où je lis le soir, fenêtres grandes ouvertes en été, flap, flap, flap . Je me sens en sécurité lorsqu' il y a des arbres autour de moi. Avant je ne comprenais pas pourquoi je m'apaisais avec la nature. Je ne savais pas la "raison".
 
 
 
Mon corps avait compris avant ma tête que la nature était nécessaire à ma vie. Si la nature disparaissait je disparaîtrai avec elle. Quand j'étais petite je ne supportais pas que mon père coupe un arbre. J'avais mal au ventre. Cela m'était insupportable, j'entrais dans des colères noires, je ne savais pas pourquoi, je l'engueulais, le tapais, je voulais m'enchaîner à l'arbre. C'était plus fort que moi. Je pensais qu'il le faisait "contre" moi. Qu'il le faisait exprès pour m'emmerder. Personne ne comprenait pourquoi je me mettais dans des états pareils, on me disait folle. Et bien oui, il le faisait contre moi, réellement, contre nous, même s'il est parfois nécessaire de couper des arbres, pour y voir clair, pour avoir la vue, pour ne pas avoir de feuilles et ainsi un jardin "propre" comme ma voisine. Il y a des tas de bonnes ou de mauvaises raisons. Quand on en coupe un, quoi qu'il arrive on le fait "contre" la vie. Dans tous les cas. Sachons le et prenons conscience de ça. Même si on le fait quand même.
 
 
Bien sûr je suis dans un grand dilemme à ce sujet. Je voudrai voir la Seine, les péniches les cygnes, (et les ordures qui flottent) mais elle est cachée par des tas d'arbres qui poussent au bord de l'eau. Pendant le confinement dernier, j'ai dégagé un peu la vue, et avec le bois j'ai commencé une cabane dans les trois peupliers qui sont près du chemin de halage. Mais ce n'est pas suffisant, et tout a déjà repoussé, la vue est de nouveau bouchée. il faut que je continue mais j'ai vraiment du mal à m'y mettre car j'ai des scrupules. On me dit : mais c'est dommage, on ne voit pas la Seine! En plus la tronçonneuse n'est pas un outil très agréable à manier. Dommage que mon père ne soit plus là pour me donner un coup de main.
Nous sommes plein de contradictions.
 
 
 
A retrouver sur mon BLOG