Hier soir et aujourd'hui, j'ai pris des photos dans Paris en me disant que c'était peut être les dernières de Paris en paix même si nous sommes déjà en guerre; je prenais des lieux du quartier où j'habite pendant ces quelques jours, Saint Germain des Près, la Seine le Louvre les Invalides devant les pelouses desquelles coté avenue de Breteuil, paissaient des moutons avec de grandes cornes en spirales, je prenais des photos comme une touriste; il faisait très beau la lumière était magnifique et les rues étaient pleines d'étrangers qui portaient des habits colorés contrairement aux parisiens qui sont souvent en noir. L'ambiance semblait joyeuse et je pensais que mon moral allait remonter la pente; J'aurai voulu parcourir plus de la ville à vélo mais je n'ai pas eu le courage; je me suis assise au café de la mairie devant saint Sulpice et j'étais étonnée de voir qu'il y avait des places vides à ce café toujours bondé surtout à l'heure du déjeuner et un dimanche; je me suis assise au premier rang et j'ai réalisé que c'était peut être à cause des événements de l'avant veille que des places étaient vides ; j'ai imaginé qu'une voiture arrive et tire des balles de mitraillette; j'ai appelé un ami qui est venu me rejoindre et qui m'a dit avant de me saluer "tu t'es mis en première ligne" . J'ai imaginé être fauché par une balle et je n'ai pas été effrayée par cette idée; cet ami m'a très rapidement dit "on y va?" et je n'ai pas compris car nous ne nous étions pas vu depuis longtemps, et j'ai marché jusqu'à chez lui en tirant mon vélo. Je n'ai pas voulu sortir ce soir et je me sens "hopeless" j'utilise ce mot en anglais car lorsque j'ai dit a jurgen tout a l'heure que j'etais sans espoir il m'a demandé "de quoi?.... Sans espoir de quoi?". Alors que le mot anglais se suffit à lui même. Il y a des tas de chansons américaines, de blues en particulier qui utilisent le mot hopeless sans rien derrière. Si on est sans espoir c'est justement qu'il n'y a rien derrière auquel on puisse penser. Si je pouvais formuler quelque chose, un but à mon non-espoir c'est que j'en aurai déjà un peu. Je me dis que si j'écris c'est que j'en ai quand même encore, au moins celui d'être lu. La seule chose rassurante aujourd'hui était de voir tous ces gens dans la rue, et au Louvre j'observais les corneilles qui se dandinaient comiquement en marchant sur le sol à la recherche de nourriture, et j'ai entendu les merles qui faisaient les mêmes cris que dans le jardin, chez moi à Labatut, quand ils vont se coucher, à la tombée de la nuit. Il y avait des mouettes aussi qui criaient au dessus de la seine en suivant les bateaux mouches et cela me faisait du bien comme si la vie continuait car elle continue et je n'ai pas été d'accord avec ceux que j'ai entendu qui trouvaient choquant que beaucoup de boutiques ou manifestations soient ouvertes à Paris, au lieu d'être fermées, d'être mortes, comme si il fallait ajouter des morts aux morts pour apaiser sa conscience.
lundi 16 novembre 2015
vendredi 6 novembre 2015
Eté indien
J'adore les étés indiens, mais je ne sais pas pourquoi ils s'appellent
indiens, et il y a sûrement une raison que je devrai aller trouver sur
internet; en attendant je pense toujours aux indiens d'Amérique, à leurs plumes
sur la tête, comme un soleil mais avec des couleurs d'automne, un doux soleil
coloré et non pas plombé. Peut être qu'il s'agit d'un été indien de
l'Inde mais là je ne vois pas pourquoi, à moins que par des vents étranges, ils
nous envoient leur chaleur, mais en général ici il y a des vents africains qui
nous envoient la chaleur de leurs déserts et parfois aussi le sable.
Ils
passent par dessus les Pyrénées j'imagine, ce qui ne doit pas être une mince
affaire puisque ces mêmes Pyrénées sont celles qui accrochent aussi les nuages
de l'atlantique pour les garder coté nord de leur versant, et qui du coup comme
ils sont coincés là n'ont plus qu'une chose à faire si il ne veulent pas y
passer leur vie, se transformer en pluie. Heureusement que nous ne
sommes pas trop près des montagnes et que nous échappons un peu à cette
influence.
En tous cas aujourd'hui j'ai entendu des animaux qui se sont trompés
de saison, mais il n y a pas que les animaux puisque je me suis baignée, et
allongée au soleil. Quant aux reinettes qui se mettent à chanter comme si elles
allaient faire des bébés, et à un merle au moins, qui commence à s'exercer à
faire des vocalises, je ne sais pas si ils se rendent compte qu'il va falloir
changer de ton bientôt, mais en attendant ils ont bien raison d'en profiter. Le
potager lui ne se trompe pas trop, et à part les œillets d'Indes (tiens encore) que j'avais plantés au pied des tomates pour
les protéger des insectes qui sont superbes, il n y a pas grand chose.
J'ai cueillis des tomates presque toutes vertes, quelques piments, de la
roquette qui contrairement au début de l'été pousse sans se faire dévorer par
les minuscules moucherons blancs, et de
la mauve sauvage, puis surprise, quelques aubergines "Apple green" bien
cachées. Une variété qui donne des
fruits ronds et vert pomme bien plus fondants que les violets que l'on connaît
et qui n'ont pas besoin de beaucoup d'huile pour cuire à la poêle. La
roquette, la mauve et les tomates pas mûres sont coupées en tout petit,
assaisonnées avec un mélange d'huile vierge pour salade et du vinaigre
balsamique. Je rajoute quelques noix du jardin et des petits bouts du fromage
de chèvre frais de la bergerie de Villefranque, un village à coté d'ici. Les
aubergines poêlées, à l'ail et au piment, je les mélange encore chaudes à la
salade, c'était top. Je ne note jamais mes recettes qui sont aussi fluctuantes
que ce que je trouve dans le jardin, le frigidaire ou au marché, super ou pas,
mais là j'avais trop envie de partager autre chose que des photos et des mots,
des goûts donc mais cela ne marchera que si vous essayez la recette. Il paraît
que les chats ont des glandes qui sécrètent un mucus qui se mélange aux odeurs, ce qui leur permet de mieux les analyser et donc de les goûter. Mais nos
ordinateurs ou téléphones n'ont pas encore ça dans leurs panoplies
d'application: un capteur d'odeur et de rediffusion via un réseau adéquat?
Ça
va être encore un sacré bordel de données à stocker et faire voyager*;
Maintenant il nous reste l'imagination
qui j'espère va encore nous servir, en tous cas pour les goûts et des odeurs, avant
de disparaître lorsque l'on aura juste à faire une recherche et que l'info nous
sera livrée brute en dehors du contexte qui fait que justement elle est singulière
et intégrée à notre mémoire. La madeleine de Proust sans le reste, ne vaut pas
grand chose.
J'ai aussi trouvé des betteraves oranges et rouges que j'ai bien pelées
car quand elles séjournent longtemps dans la terre elle en prennent le goût ce
qui ne serait pas désagréable si il n'y avait cette âpreté et cette petite brûlure
qui reste au fond de la gorge. Je les ai faites cuire, avec celles de leurs feuilles
aériennes qui étaient jolies, toujours dans de
l'huile d'olive, de l'ail du piment et pas mal de morceaux de gingembre
et un reste d'épinard en branche; puis j'ai mis à la fin un petit verre d'un mélange
de vinaigre sucré avec des épices qu'avait fait Jürgen pour les concombres de
cet été, j'ai laissé refroidir et je vais le mettre en pot pour un futur
accompagnement de curry, comme condiment; Cet été on pouvait les manger crues et rappées
mais en ce moment elles ont un goût un peu brut même si elles restent très
sucrées.
Jusqu'à l'année dernière, je détestais les betteraves, mais je me suis
donc aperçue que je ne détestais que celles que l'ont vous sert à la cantine au
milieu des autres crudités. Ces variétés-ci n'ont quand même rien à voir, même
si je ne suis pas une fan absolue, sauf de leurs formes et couleurs qui
semblent venues d'ailleurs. Pour moi la betterave c'est une madeleine de Proust
inversée, étant donné qu'elle pousse à l'envers ce n'est pas étonnant, mais je
remarque que malgré tous les nouveaux
éléments récents et positifs liés à elles depuis 2 ans, comme les dîners
estivaux, les amis, le soleil, le jardin, etc..
le souvenir de l'assiette avec la moitié d'œuf dur teinté de taches de
ce rose affreux, dans l'ambiance bruyante de la salle à manger de l'école envahie
de cette odeur typique des cantines reste tenace.
Les goûts et les odeurs ont
la mémoire longue. Est ce pour cela que la mode est aux émissions culinaires et
que je cède à celle de montrer sur internet ce que je mange? Comme si la seule
chose que l'on ne peut pas encore faire voyager
d'un bout de la planète à l'autre (excepté via les chaînes de
restaurant..) devait coûte que coûte quand même être partagée? Ou est ce que notre solitude de plus en plus pesante,
ne trouve qu'internet pour s'alléger avec l'illusion de partager un repas en
mot et images numériques? Je laisse ces questions ouvertes, bon appétit.
*Comme "shazam" pour la musique on appellera ça "miam-miam" par exemple, et on
pourra capter une odeur qui nous branche et savoir à quel plat ou aliment elle
appartient et le commander pour se le
faire livrer chez soi. ça pourra ouvrir à des surprises intéressantes...
les oeillets d'indes
mauve et roquette
la salade
la même avec les aubergines dessus
les betteraves
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