Je n’ai plus d’encre dans mon rotring et ici
il est difficile d’en trouver. je l’ai donc commandée sur internet mais je ne
sais pas si elle arrivera à temps pour que je puisse dessiner le chapitre 13
d’Honorine. 13 vous me direz que c’est prémonitoire .. pour ceux qui n’ont pas
fait d’études d’archi (ou des études avec
des dessins techniques) passées à vivre une relation d’amour haine avec les
rotrings, je dois alors expliquer : ce sont des stylos à encre de chine dont la pointe à
une taille définie et qui permet de faire des traits sans plein ni délié d’une épaisseur
constante. Il y a plusieurs tailles de pointe cela va du10eme de millimètre
jusqu’a 1mm ou même 2 mm je crois. il y a une petite boule à l’intérieur du système
d’arrivée d’encre qui permet de mélanger l’encre de chine pour qu’elle ne sèche pas et on passe son
temps à secouer l’objet qui fait tic tic tic, pour que l’encre arrive jusqu'à
la pointe. parfois bien sûr, une grosse
boule d’encre arrive en trombe après s’être justement fait attendre et fait un
pâté sur le calque. Puis plus rien, un autre bouchon se crée et on refait tic
tic tic rageusement, et alors 2 choses peuvent arriver : soit que
l ‘on cogne malencontreusement la
pointe du rotring qui si elle est fine (du 0,2 ou 0,1) se tord et fait en plus
un trou dans le calque, soit que plusieurs gouttes de l‘encre giclent de la
pointe perfide… Dans le 1er cas on a beau démonter le truc et
essayer de remettre la pointe droite c’est fichu. Car à l’intérieur du petit
canal d’arrivée d’encre se trouve un petit fil de métal au bout du quel se
trouve la boule qui fait tic tic justement. et si on a tordu la pointe c’est
qu’elle était fine et que donc le petit fil est encore plus fin. Une fois sorti
de son logement il n’y a pas grand chose a faire pour pouvoir l’y remettre… En général
si l’on a commencé à démonter le stylo c’est aussi parce que RIEN ne sortait de
l’instrument. là aussi 2 solutions- qui n’en sont pas toujours comme vous allez pouvoir vous en
apercevoir en lisant la suite- se présentent à nous : Soit, avant de démonter,
après avoir secoué dans tous les sens et
juré dans toutes les directions, rien ne sort, il faut avoir du courage et
mettre la pointe dans sa bouche et aspirer… puis on réessaie sur le calque… Peu
probablement, la ligne noire tant
attendue se pose… dans la plupart des cas rien, alors on re- aspire… Au bout d’un
moment on fini pas aller devant le
lavabo en se disant bon aller j’ouvre la bestiole pour la nettoyer…. si il y a un miroir au
dessus du lavabo, on s’aperçoit avec stupéfaction, que si l’encre n’est pas
sortie sur le papier, par contre, l’aspiration/débouchage
a été suivit d ‘un effet certain et l’image
qui nous est renvoyée par le miroir est assez effrayante: c’est comme si
nous avions aspiré en tant que vampire, un sang d’encre… noir… les lèvres, la langue et les dents en sont
recouverte ; on se demande , alors
que les papilles n’ont pas tant réagit , comment si peu d’encre a pu faire autant de dégât
….Puis après on regarde tout autour de soi dans les sanitaires de l’école d’archi
et on s’aperçoit aussi que l’on est pas seule à avoir des problèmes de rotring.
les murs en sont tout maculés. Est-ce rassurant dans ce cas ? pas vraiment…. Où en étions nous ? donc, dans le
meilleur des cas il y a encore du PQ dans les toilettes et on en utilise une
quantité monstrueuse tout à fait hors de proportion à côté des minuscules entrailles du stylo pour le
nettoyer, plus l’eau qui coule en fleuve
du robinet et devient noire instantanément -. Apres donc aussi un temps
terrible par rapport au dessin que l’on doit faire, évidement au dernier moment
et au milieu de la nuit, charrette, ( ai je besoin de raconter l’origine de ce
terme ?) les doigts incrustés de taches noires qui nous suivront quelques
jours, le rotring flambant nettoyé
revient sur la table à dessin, sa
cartouche est rempli avec une seringue qui a aspirée l’encre de la petite
bouteille dont le col n’est pas souvent adapté, la règle est placée au bon
endroit, le trait tant attendu, (on ne sait même plus à quoi il correspond) se
trace… mais celui ci est d‘une pâleur de mauvaise
augure… on doit alors gribouiller indéfiniment sur une feuille à coté pour que
l’encre redevienne à nouveau noire….. … et voilà il est 7 h du matin le rouge
gorge fait son petit chant triste en même temps que l’aube pointe, et l’idée qui nous tarabuste plus que tout c’est
d’aller se coucher fissa… Je n’en suis qu’à la première alternative … la
seconde avant de faire tout ça c’est de hurler « quelqu’un a un 0,2 à
me prêter ?? » Si une réponse positive émerge des têtes penchées sur
leur feuille de calque, c’est généralement accompagnée d’un grognement et de « tu me le rends dans 3 seconde car j’en
ai besoin » La troisième alternative qui est peu dicible (c’est pour ça
que je n’en avais proposé que 2) car un peu malhonnête est de se promener négligemment
entre les tables de la salle sous prétexte de faire un peu de conversation à
l’un ou à l’autre, puis de s’approcher de celle dans le noir devant
laquelle personne n’est en train de travailler et sur laquelle l’étudiant
couche tôt à laissé ses outils de dessin…
Il s’agit d’emprunt bien sûr, mais
quand même ça ne se fait pas . sauf cas d’urgence, ou de fatigue qui touche au
désespoir si l’heure est vraiment matinale et que le projet est à rendre ce
même jour, ce qui revient à de l’urgence , et qui rend l’acte presque légitime…
. Mais il est très rare de pouvoir le
faire pour la simple raison que tous
savent bien que ce sont les 0,2 qui se bouchent et ceux qui restent sur les
tables sont généralement des gros des 0,7, 0,9 ou même des 1, les autres on ne
les laisse pas trainer surtout si ils marchent.
Pourquoi donc,
si c’est tellement cauchemardesque, est ce que j’utilise encore un rotring pour dessiner Honorine ??? non seulement par nostalgie
mais aussi parce que maintenant je me sers d’ un rotring à cartouche déjà
préparée et que si je ne le laisse pas ouvert ni non-utilisé trop longtemps
(d’où l’utilité du feuilleton..) il ne sèche pas (trop) mais aussi parce que c’est
le seul instrument de dessin qui fait une ligne noire assez dense pour pouvoir
être scannée facilement avant coloriage sur photoshop. j’avais auparavant
essayé le stylo à plume mais non ça ne fonctionne pas.
Par contre , je n’utilise pas la lame de
rasoir pour gratter mes erreurs. peut être un jour je vous raconterai aussi les
histoires d’amour liée aux lames de rasoir, au grattage, au pièces que l’on
fabrique pour réparer le calque trop gratté, usé, troué, pour éviter de redessiner la planche en entier etc, etc.…
Bien sur presque plus aucun architecte
n’utilise de rotring(mon père disait plutot « rapido » ou
« rapidograph ». maintenant autocad ou autre font l’affaire. Mais
quand même ce doux gout terreux et ferreux de l’encre de chine sur la langue ça ne vous
manque pas ??
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