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mardi 21 octobre 2014

Petite madeleine à l’attention des architectes et culture "générale" pour les autres :



Je n’ai plus d’encre dans mon rotring et ici il est difficile d’en trouver. je l’ai donc commandée sur internet mais je ne sais pas si elle arrivera à temps pour que je puisse dessiner le chapitre 13 d’Honorine. 13 vous me direz que c’est prémonitoire .. pour ceux qui n’ont pas fait  d’études d’archi (ou des études avec des dessins techniques) passées à vivre une relation d’amour haine avec les rotrings, je dois alors expliquer : ce sont  des stylos à encre de chine dont la pointe à une taille définie et qui permet de faire des traits sans plein ni délié d’une épaisseur constante. Il y a plusieurs tailles de pointe cela va du10eme de millimètre jusqu’a 1mm ou même 2 mm je crois. il y a une petite boule à l’intérieur du système d’arrivée d’encre qui permet de mélanger l’encre de chine  pour qu’elle ne sèche pas et on passe son temps à secouer l’objet qui fait tic tic tic, pour que l’encre arrive jusqu'à la pointe. parfois bien sûr,  une grosse boule d’encre arrive en trombe après s’être justement fait attendre et fait un pâté sur le calque. Puis plus rien, un autre bouchon se crée et on refait tic tic tic rageusement, et alors 2 choses peuvent arriver : soit que l ‘on cogne malencontreusement  la pointe du rotring qui si elle est fine (du 0,2 ou 0,1) se tord et fait en plus un trou dans le calque, soit que plusieurs gouttes de l‘encre giclent de la pointe perfide… Dans le 1er cas on a beau démonter le truc et essayer de remettre la pointe droite c’est fichu. Car à l’intérieur du petit canal d’arrivée d’encre se trouve un petit fil de métal au bout du quel se trouve la boule qui fait tic tic justement. et si on a tordu la pointe c’est qu’elle était fine et que donc le petit fil est encore plus fin. Une fois sorti de son logement il n’y a pas grand chose a faire pour pouvoir l’y remettre… En général si l’on a commencé à démonter le stylo c’est aussi parce que RIEN ne sortait de l’instrument. là aussi 2 solutions- qui n’en sont pas  toujours comme vous allez pouvoir vous en apercevoir en lisant la suite- se présentent à nous : Soit, avant de démonter,  après avoir secoué dans tous les sens et juré dans toutes les directions, rien ne sort, il faut avoir du courage et mettre la pointe dans sa bouche et aspirer… puis on réessaie sur le calque… Peu probablement,  la ligne noire tant attendue se pose… dans la plupart des cas rien, alors on re- aspire… Au bout d’un moment on fini pas aller devant  le lavabo en se disant bon aller j’ouvre la bestiole  pour la nettoyer…. si il y a un miroir au dessus du lavabo, on s’aperçoit avec stupéfaction, que si l’encre n’est pas sortie sur le papier,  par contre, l’aspiration/débouchage a été suivit d ‘un effet certain et  l’image qui nous est renvoyée par le miroir  est assez effrayante: c’est comme si nous avions aspiré en tant que vampire, un sang d’encre… noir…    les lèvres, la langue et les dents en sont recouverte ; on se demande ,  alors que les papilles n’ont pas tant réagit ,  comment si peu d’encre a pu faire autant de dégât ….Puis après on regarde tout autour de soi dans les sanitaires de l’école d’archi et on s’aperçoit aussi que l’on est pas seule à avoir des problèmes de rotring. les murs en sont tout maculés. Est-ce rassurant dans ce cas ? pas vraiment….  Où en étions nous ? donc, dans le meilleur des cas il y a encore du PQ dans les toilettes et on en utilise une quantité monstrueuse tout à fait hors de proportion à côté  des minuscules entrailles du stylo pour le nettoyer,  plus l’eau qui coule en fleuve du robinet et devient noire instantanément -. Apres donc aussi un temps terrible par rapport au dessin que l’on doit faire, évidement au dernier moment et au milieu de la nuit, charrette, ( ai je besoin de raconter l’origine de ce terme ?) les doigts incrustés de taches noires qui nous suivront quelques jours,  le rotring flambant nettoyé revient sur la table à dessin,  sa cartouche est rempli avec une seringue qui a aspirée l’encre de la petite bouteille dont le col n’est pas souvent adapté, la règle est placée au bon endroit, le trait tant attendu, (on ne sait même plus à quoi il correspond) se trace…   mais celui ci est d‘une pâleur de mauvaise augure… on doit alors gribouiller indéfiniment sur une feuille à coté pour que l’encre redevienne à nouveau noire….. … et voilà il est 7 h du matin le rouge gorge fait son petit chant triste en même temps que l’aube pointe,  et l’idée qui nous tarabuste plus que tout c’est d’aller se coucher fissa… Je n’en suis qu’à la première alternative … la seconde avant de faire tout ça c’est de hurler « quelqu’un a un 0,2 à me prêter ?? » Si une réponse positive émerge des têtes penchées sur leur feuille de calque, c’est généralement accompagnée d’un grognement et de  « tu me le rends dans 3 seconde car j’en ai besoin » La troisième alternative qui est peu dicible (c’est pour ça que je n’en avais proposé que 2) car un peu malhonnête est de se promener négligemment entre les tables de la salle sous prétexte de faire un peu de conversation à l’un ou à l’autre, puis  de  s’approcher de celle dans le noir devant laquelle personne n’est en train de travailler et sur laquelle l’étudiant couche tôt à laissé ses outils de dessin…   Il s’agit d’emprunt bien sûr, mais quand même ça ne se fait pas . sauf cas d’urgence, ou de fatigue qui touche au désespoir si l’heure est vraiment matinale et que le projet est à rendre ce même jour, ce qui revient à de l’urgence , et qui rend l’acte presque légitime… .  Mais il est très rare de pouvoir le faire pour la simple raison que  tous savent bien que ce sont les 0,2 qui se bouchent et ceux qui restent sur les tables sont généralement des gros des 0,7, 0,9 ou même des 1, les autres on ne les laisse pas trainer surtout si ils marchent.
Pourquoi donc,  si c’est tellement cauchemardesque, est ce que j’utilise  encore un rotring pour dessiner  Honorine ??? non seulement par nostalgie mais aussi parce que maintenant je me sers d’ un rotring à cartouche déjà préparée et que si je ne le laisse pas ouvert ni non-utilisé trop longtemps (d’où l’utilité du feuilleton..) il ne sèche pas (trop) mais aussi parce que c’est le seul instrument de dessin qui fait une ligne noire assez dense pour pouvoir être scannée facilement avant coloriage sur photoshop. j’avais auparavant essayé le stylo à plume mais non ça ne fonctionne pas.
Par contre , je n’utilise pas la lame de rasoir pour gratter mes erreurs. peut être un jour je vous raconterai aussi les histoires d’amour liée aux lames de rasoir, au grattage, au pièces que l’on fabrique pour réparer le calque trop gratté, usé, troué, pour éviter de  redessiner la planche en entier etc, etc.…
Bien sur presque plus aucun architecte n’utilise de rotring(mon père disait plutot « rapido » ou « rapidograph ». maintenant autocad ou autre font l’affaire. Mais quand même ce doux gout terreux et ferreux  de l’encre de chine sur la langue ça ne vous manque pas ?? 

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