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dimanche 21 mars 2021

 

 
 

Longtemps que je n’avais pas écrit.
Un peu normal, la sortie du livre en grande pompe, les signatures, cocktails divers et interview m’ont évidemment éloignée des choses essentielles: ce qui se passe dans mon jardin, les pies qui passent leur temps à transporter des brindilles au sommet de l’arbre, le pin, celui que je voulais faire couper car il fait beaucoup d’ombre et m’empêche de voir le beau cèdre qui est derrière.
 
Pourquoi vont elles chercher des brindilles, voir même de petites branchettes dans les jardins d’à côté plutôt que dans le mien? Autant vous dire que la coupe de l’arbre est reportée. Je me dis que si elles ne trouvent pas les brindilles qu’il faut dans mon jardin, ce n’est que parce que leur courbe de vol, d’un des jardins voisins au sommet de l’arbre,- car elles font leur nid très haut, 8 à 10 m peut être, est bien plus conforme à leur nature que le « piqué » et la « remontée » à la verticale. Les pies me semblent avoir des vols correspondant à celui d’un avion. Tandis que les tourterelles, elles, font souvent des piqués inverses, dont je ne connaît pas le nom en aviation. Bref elles savent faire comme les hélicoptères, elles aiment monter en flèche, accompagné d’un bruit d’ailes et d’un genre de roucoulement en rythme qui donnent au mouvement toute sa plénitude.
 
Ce n’est donc pas parce qu’elles ne trouvent pas ce qu’il faut dans mon jardin que les pies vont voir à côté. A moins que le proverbe « l’herbe du jardin du voisin est toujours plus verte » joue aussi pour les oiseaux. Ce qui est sûr c’est que ça ne joue pas pour moi. Pour rien au monde je n’aimerai avoir un jardin comme celui de certains de mes voisins, tondu jusqu’à la lie, et « propre-eu » comme disait ma voisine allemande qui se plaignait des feuilles de mes arbres qui avaient le mauvais goût d’aller tomber chez elle. Vu ce que je viens de dire, pourtant, les pies devraient avoir l’occasion de trouver bien plus de matière pour construire leur nid chez moi que chez mes voisins aux jardins bien rangés. Mystère. Mais nous aussi allons avec nos vols internationaux rapporter des matières (à penser, à offrir aux amis, à exposer dans notre salon, à alimenter notre écriture, imagination, goût, curiosité, etc….) des pays lointains. Enfin, nous « allions ».

En attendant, ici et maintenant c’est le printemps qui commence, et contrairement au mois de mars dernier, alors que le « confinement » commence lui aussi à nouveau, ou plutôt encore une nième fois, ou continue, bref on ne sait pas bien, ce qui est sûr, c'est que nous n'avons plus beaucoup l’impression de nouveauté.
 
On se sent un peu comme éternellement coincés, dans les limbes, ni dans un jardin ni dans l’autre, le cul posé sur la clôture, dans une position pas super confortable, mais bon on se débrouille, si on ne craque pas, et nous allons faire un genre de nid aussi, brinquebalant, remettant nos certitudes en questions, perdant l’habitude de faire des mondanités, parlant un peu plus de l’essentiel si on ne se perd pas dans les états des conjonctures qui nous sont rabâchées à longueur de temps.
 
Car effectivement nous pouvons aussi ruminer en boucle, sans voir plus loin que la matière désagréable de ce putain de masque, puisque de « nez » nous n’avons plus, ni à montrer ni à voir.
On se moque maintenant de ces habits moyenâgeux que portaient les médecins, grande cape noire, becs immenses d’oiseau remplis d’herbes aromatiques sensées éloigner les miasmes morbides de la peste de leur propre nez, mais je suis persuadée que dans quelques dizaines d’années on se moquera de nous aussi, de nos mesures prises, et oui, sûrement en dépit du bon sens, et c’est normal puisque nous ne savons pas grand chose.
Mais dans nos états providence, il ne s’agit surtout pas de faire croire qu’on ne sait rien. et nous attendons que les bonnes mesures soient prises parce que hein, on paie des impôts quand même merde, c’est pas de notre faute tout ça. On est plus au moyen âge,(ha bon?)  nous sommes dans un monde civilisé, et pas question de laisser « la covid » réguler cette population qui augmente à faire peur.

On préfère laisser mourir les gens de diabète ou d’obésité en mettant tout ce sucre, ce gras, et ces matières très très raffinées n'est ce pas, dans la bouffe industrielle, on préfère organiser des guerres monstrueuses, en vendant des armes si on est pas soi-même en guerre directement, on préfère faire mourir les gens à petit feu à cause d’une mondialisation, d’une uniformisation, d’une éradication de la nature, ou en leur donnant à faire des jobs sans aucun sens pour qu’ils puissent, summum de la civilisation, acheter une grosse voiture et une grande TV, et leur canapé, n’oublions pas le canapé, dans lequel on déprime en avalant des séries, des antidépresseurs et des deliveroos.
On préfère aussi laisser les gens de pays lointains mourir de faim, mourir de traverser la mer sur des rafiots minuscules pour échapper à la misère..
 
Car tout cela fait bien plus de mort, ce n’est même pas comparable, que notre petit virus chéri, que l’on câline, dont on s’occupe jour et nuit et qui pourtant est prétexte à nous empêcher de vivre. Car le virus il nous tombe dessus sans prévenir. Alors que le reste, tous les maux cités avant, sont les conséquences directes de décisions mûrement réfléchies car elles sont censées faire gagner de l’argent, et donc du pouvoir.
Les guerres c’est ça, la bouffe industrielle c’est ça aussi, les jobs sans aucun sens c’est encore ça.
Le virus ne fait pas gagner grand chose, au contraire. D’ou la priorité de l’éradiquer. Les pauvres font gagner de l’argent aux riches eux au moins. Mais bon avec cette histoire de vaccin on va bien trouver à lui faire rapporter de l’argent. D’ailleurs c’est déjà fait! Que je suis bête. Les gafams s’en mettent déjà plein les poches! Le truc qui aurait pu être sympa, c’est qu’elles s’unissent pour la recherche d’un vaccin gratos, pour monter des hôpitaux, des trucs comme ça, non? ça aurait été la moindre des choses. Mais bon. Money is money, business is business, hein!

Vous pensez que le raisonnement est simpliste? Car dans notre monde complexe la simplicité fait peur. Pourtant elle est si utile pour avancer!.Et comme dit Edgar Morin, c’est parce que la complexité est là que la simplicité existe. Les deux ne sont pas antinomique au contraire. Et si ma pie chérie va chercher ses branches ailleurs que chez moi, c’est qu’elle aussi est un être complexe.