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samedi 20 février 2016

Nouvelles de Labatut




Il y a un aspect important de cette maison que j'avais évoqué dans les lettres ouvertes "Labatut n°…) que j'envoyais au début de notre installation,  mais que j'avais un peu oblitéré puisqu'au fur et à mesure de nos aménagements et reconstructions, il avait tendance à disparaître, ou juste à ne plus être vu comme avant. Il part du fait que cette maison a été entretenue pendant de longues années par un homme qui l'habitait seul et qui n'était apparemment pas trés riche car tout ce qu'il faisait pour la réparer l'était à coups de fils de fer, de bouts de tôle récupérée, de morceaux de bois cloués, de tronçons de tuyaux en caoutchoucs et métal rabibochés, et cela concernant fenêtres volets portes, toitures, pompes à eaux , plomberie diverse (peu existante mais quand même) . Puis ne parlons pas de l'électricité qui était bien pire que celle que mon père à installée à Villebrumier . elle faisait parfois des clignotements intergalactiques étonnants dont nous avons à Labatut observé le même genre de phénomènes en plus mystérieux car ne correspondant pas du tout à l'interrupteur placé dans telle pièce dans lequel il était supposé allumer l'ampoule du plafond, mais plutôt d'une façon aléatoire . Tous ces aménagements, que je trouvais plein de charme laissaient supposer un esprit artistique étonnamment  fort (art complètement "brut" n'est ce pas Monsieur Noiret, car aucunement destiné à être "montré"), et il fallait donc que j'achète cette maison , moi,  pour le voir, ainsi que Jürgen qui avait un œil très pointu pour tous ces bricolages ingénieux, pour que nous les remarquions, toutes ces trouvailles malgré leur qualité de préservation de l'étanchéité et de la lumière très relatives,  et pour les conserver le plus longtemps possible. 
C'est d ailleurs pour cela que les travaux ne seront pas finis et ne le seront sans doute jamais car il est pour moi impossible que l'âme de cette maison , cette âme là en tout cas car il n'y a pas que celle ci qui s'est forgée depuis sa construction au début du 19ème siècle,  disparaisse complètement, tellement elle correspond à ma façon de faire aussi pour certaines choses, presque à l'inverse de celle que j'ai l'air d'employer pour mon travail d'architecte même si elle y participe forcement. Un chantier n'est fait que de bricolages ingénieux et intelligents que j'adore mettre au point avec les entreprises.

Donc en plus de découvrir au fur et à mesure de notre grand nettoyage lors de notre arrivée ici tous ces systèmes ingénieux,  il fallait parfois en plus de cela jouer au détective pour savoir à quoi servait par exemple une canne de bambou  posée dans un coin, avec un grand crochet au bout, ou une rigole en zinc au milieu de l'ancienne cuisine, ou une cage dehors , immense, cachée au milieu de la grande haie de pyracantha,  ou un rétroviseur placé sur une façade de la grange dont nous avons compris plus tard l'aspect éminemment stratégique. Notre homme était un ex-garde chasse et un chasseur, la "tour" vide de ses planchers et de sa toiture était  transformée en un pigeonnier géant dont les habitants lui fournissaient ses repas (surtout les pigeonneaux au nid qu'il faisait tomber avec une autre de ces mystérieuses cannes de bambou, la première citée servant à l'ouverture d'un certain fenestron  qui contrairement a ce que nous imaginions s'ouvrait), le jardin était aussi plein de petites cabanes camouflées dans lesquelles il se cachait pour tirer. La façade de la maison autour des œils de bœuf du grenier étaient ainsi truffés d'impacts de petit plomb, et sur les portes de granges, étaient cloués (et sont encore pour l'une d'elle) des pattes de chevreuils ou de lapins ou de lièvre. La cage contenait vraisemblablement des furets, le rétroviseur servant à surveiller l'arrière du jardin avec un jeu de miroir posé à un autre endroit lorsqu'il était assit dans son fauteuil près du poil à mazout où il a été retrouvé mort plus tard  ….
Ce matin, très grand beau temps et j'ai pris mon sécateur pour tailler quelques rosiers qui commencent à faire des tas de pousses et observer le jardin, puis, accrocher quelques branches de plantes grimpantes qui avaient tendance à s'affaisser , et je n'ai eu aucun problème pour trouver les clous nécessaires pour y tendre des fils car les façades de la maison en sont hérissés. Clous sur lesquels sont parfois encore accrochés des morceaux de fils de fers au bout desquels pendent des bouts de miroirs épais et anciens qui font gling gling avec le vent (même si il n y en a plus qu'un maintenant) et j'y accroche quelques outils, ce que faisait aussi sans doute Monsieur Blandin puisque c'était son nom,  ou en été les maillots et serviettes de bain (ce qu'il ne faisait sans doute pas). Ce sont donc ces vestiges qui m'ont replongée dans l'ambiance initiale de la maison.  Lorsque nous nous sommes installés, il a fallut s'acheter des voitures car le vélo ne suffisait pas. Je me suis trouvée une 404 qui passe maintenant sa vie chez le garagiste du coin, "qui y met le nez de tangs zan tangs " (alors que bien sûr j'aimerai mieux qu'il y mette les mains), me dit sa fille qui est chargée de la logistique et des factures, toujours assise derrière son ordinateur crasseux avec un chat roux à 3 pattes dormant sur des piles de catalogues de pièces détachées antédiluviennes sur le comptoir. Jürgen s'est acheté une 4L et lorsqu'elle s'est retrouvée garée devant le portail, les gens du village pensait que Blandin était ressuscité car il avait exactement la même, et un chapeau chinois en paille dont il se couvrait le chef, ce que j'ai aussi par hasard,  mais Jürgen n'allait pas jusqu'à le mettre. La 4L est vendue depuis longtemps, et Jürgen est parti depuis un temps qui me paraît une éternité mais qui ne date que de quelques semaines, donc le rôle de Monsieur Blandin m'appartient maintenant tout entier, mais je vous rassure je ne l'endosserais vraiment que pour mes œuvres d'art , brutes ou pas. 
 
Mon père avait un coté Blandin très fort aussi et je pense que c'est pour cela qu'il ne voulait pas que je sois architecte comme lui, car il soupçonnait mon côté "blandinesque" qui était aussi le sien un peu réprimé. Finalement il avait raison, et dès sa retraite lui aussi s'est mis à bricoler dans tous les sens, mais sans toute fois se départir de son esprit cartésien, qui prenait finalement toujours un peu le dessus, (aussi parce qu'il avait plus de moyens financiers)  sauf lorsqu'il voulait préserver le secret de son âme  qu'il reportait sur sa maison en punaisant sur les murs des petites notes presque codées, qui étaient chargées de nous expliquer le fonctionnement des aménagements improbables qu'il fabriquait à Villebrumier , concernant les vidanges avant l'hiver l'ouverture de telle porte ou la fermeture des volets, ou des vannes de la piscine, qui n'étaient compréhensibles que pour les initiés, c'est à dire principalement lui.  


aujourd'hui 


 
2008




   

lundi 15 février 2016

dimanche 14 février, billet d'humeur pas super gaie...




Aujourd'hui il faisait à peu près beau quand je me suis réveillée et après mon petit déj tardif je suis allée sous la grange pour prendre mon vélo afin de faire un petit tour, voir l'Adour qui est énorme gonflée par les pluies incessantes et sûrement aussi la neige qui fond car il fait 15 degrés depuis plusieurs jours, bref prendre l'air car je n'en peux plus d'être enfermée au coin du feu , que ce soit chez moi ou chez les autres le scenario est toujours un peu le même, même si je ne vais pas beaucoup chez les autres. Mais la roue avant était encore à plat,  alors que pendant ma traversée de la France je n'ai pas crevé une seule fois, et heureusement car je ne sais apparemment pas faire ce genre de réparation: Comme Jürgen n'est plus là ce n'est pas lui qui me l'a de nouveau rafistolée, mais moi qui m'y suis collée, il y a deux jours. Je crois que je n'ai pas assez attendu entre la pose de la colle et la pose de la rustine. Toujours cette impatience  qui me gâche la vie. J'ai fini par mettre une chambre à air neuve, celle que j'avais emportée pendant mon périple de cet été. Mais pendant l'opération, un vent extrêmement violent s'est levé et j'ai vu Fifi la chatte qui courait comme une folle vers la maison et un instant après une grêle monstrueuse s'est mise à cingler la terre, les bâtiments et les plantes, et même à l'abri sous la grange j'en recevais les petites boulettes , sans comprendre par où elle passaient car même si le toit est un peu troué j'avais du mal à imaginer qu'il pouvait en laisser passer autant. Je me suis donc vue recevant cette tempête sur la tête en pédalant sur mon vélo si j'étais partie comme prévu, et donc mon énervement à devoir encore réparer cette satanée roue a été atténué et s'est même transformé en quelque chose de positif, et il me semble que c'est souvent dans les moments inattendus qui laissent souvent penser le contraire, même si là en y réfléchissant on ne peut pas dire que ce soit vraiment le cas car rien de positif n'est vraiment arrivé, juste quelque chose de négatif ne m'est pas arrivée grâce à quelque chose de négatif.. et la règle " - + - = +" ne me semble donc pas vraie dans cette situation, même si j'y pense , car ce n'est pas un plus mais un rien le résultat et je ne sais pas quel est le symbole pour le rien , ben si, le zéro évidement. Mais ce n'est pas si vrai non plus car au lieu d'être sur mon vélo à me balader dans les collines ce qui me semblait nécessaire pour me sentir bien aujourd'hui , je me suis mise à jouer du piano ce que je n'avais pas fait depuis quelques jours, mais en revanche, je n'ai pas composé d'œuvre immortelle inspirée par exemple  par la grêle et le coin du feu, les éléments déchaînés du ciel , sous le signe de l'eau et du froid, et ceux de ma cheminée sous le signe du feu et du chaud , et tout ça ensemble en effet ça fait bien zéro, en plus de l'œuvre non composée, donc un zéro qui ne flotte même pas qui sombre un peu sous la flotte, alourdi par ce qui n'a pas été fait .
Je suis de toutes les façons dans une humeur négative car j'ai beau chercher je n'arrive pas à faire des "plus". Le merle s'en fou et malgré la pluie il chante.