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dimanche 25 octobre 2015

AGRO-ECOLOGIE





            J'aimerai vous donner envie de lire un livre, et cela d'autant plus que je viens de me heurter à mon voisin qui était en train avec sa pelleteuse  d'arracher impunément toutes mes haies de ronces, de buis, de chèvrefeuille et de laurier sauvage, qui bordaient de mon coté "son" fossé, alors que je ne suis même pas sûre que ce fossé lui appartienne plus qu'à moi. Je lui ai gentiment dit qu'il aurait pu me demander mon avis, et surtout je n'étais pas d'accord car ces haies sont remplies d'oiseaux et de bestioles qui y vivent, qui s'y nourrissent chantent et font leur nid, puis  j'ai osé dire le mot "nature" et là il m'a rétorqué qu'il était né dedans et qu'il la connaissait sans doute mieux que moi. Il ne m'a pas dit que je n'étais, en tant que parisienne pas censé une seconde me permettre de lui donner des leçons mais il l'a pensé très fort, car c'est parti en couille verbalement de son coté et il a fallu que j'hôte les pieds de "son fossé" sous peine de représailles. Puis, je l'ai entendu,, marmonner tout haut et tout seul dans l'habitacle de sa grosse machine,  et seul le mot "nature" jaillissait régulièrement comme une litanie de ce qui semblaient des borborygmes mélangés au bruit sourd du moteur. 

       Ce genre d'événement me rend particulièrement triste et même me désespère et c'est la même impression qui m'envahit lorsque l'on coupe un arbre "parce qu' il fait trop de feuilles". J'avais acheté en double exemplaire car je voulais en offrir un au maire de mon village le super petit guide philosophique et pratique du biologiste  Francis Hallé: " Du bon usage des arbres", Actes Sud, 2011, mais j'ai eu peur que ça ne serve à rien et qu'il ne fasse que le prendre mal, mais je me rends bien compte par ce geste inachevé que si je ne commence pas à essayer d'informer les gens les plus proches de moi, je n'aurai pas beaucoup de chance d'être entendue.

        Pierre Rabhi est un agriculteur et un philosophe d'origine algérienne et il a écrit entre autre ce livre au titre qui n'est pas très sexy mais dont le contenu est d'une simplicité d'une évidence et d'une intelligence si claire qu'il mériterait de faire parti des programmes scolaires, en remplacement de "nos ancêtres les gaulois" comme disait en se marrant ma copine Loretta qui est une grande fille noire  dont les ancêtres justement sont peut être plutôt les nôtres:  "L'agro écologie, une éthique de vie" . Il y parle du monde, et de son cheminement personnel qui comprend un passé d'ouvrier (il ne peut donc pas connaître la nature dirait mon cher voisin) qui l'a amené à trouver des solutions pour une agriculture nouvelle par rapport à celle qui est pratiquée actuellement ou que l'on commence seulement à pratiquer dans des pays dit "sous développés" alors que l'on reviendra sans doute, si on l'écoute et le comprend ce qui est vraiment très aisé, ce qui l'est moins c'est de le souhaiter, à une agriculture qui calquera celle de nos ancêtres avec des adaptations pas si compliquées pour le nombre d'humains que nous sommes maintenant, une agriculture de proximité, non pas contre mais avec la nature, et qui permettra de nourrir tout le monde, et d'effacer les grandes inégalités de notre planète. 
       
       Il compare la terre à une oasis dans l'univers et fait un rapprochement simple avec la façon dont les habitants des oasis font attention à conserver précieusement tout ce qui leur permet de survivre, la moindre goutte d'eau et le moindre brin d'herbe. Son discours qui n'en est justement pas un, est aussi ouvert que possible et en particulier sur le fait qu'il est impossible de connaître la nature à fond, ce qu'essaient de faire la plupart des gens qui s'en occupent à grande échelle par le bais de pseudo vérités scientifiques qui prônent sa maîtrise par l'homme pour servir le désir de pléonexie mot que j'ai appris récemment et qui signifie "vouloir posséder toujours plus", et qu'il y a une place à laisser à notre intuition, ce qui revient à accepter notre limite de la connaissance, et donc de celle de la science, comme celle de nous connaître nous même complétement. 
       
      Cela rejoint aussi, et ces lectures hasardeuses que j'ai faites cette semaine vont  bizarrement toutes dans le même sens, (sauf peut être les mémoires de Poulidor "Gagnant"- qui voisinaient au super marché avec celle de Berlusconi intitulées "My way"  écrit avec ce  type de caractère, et entre les deux, je n'ai pas hésité-) les réflexions de Nietzche que j'ai lue dans un texte sur la morale qui prend en compte la finité de la connaissance aboutissant sur "la vérité" et permet de nous rassurer en l'assenant comme garant de notre bien être, ce qui constituerait donc une morale s'appuyant sur des convictions précédant les résultats scientifiques qui les corroboreraient, même si ils ne sont jamais à négliger et souvent sincères sauf en dehors du contexte. Ces vérités qui se transforment en morale ou l'inverse, sont celles qui nous sont assenées par les lobbies de toutes sortes dont ceux des vendeurs d'engrais d'insecticide et de semences, sous prétexte que les paysans devenus grâce à eux des "exploitants" seraient plus heureux, alors que ce sont eux qui sont devenus les exploités. Revenir à une éthique remettrait tout simplement les choses à leur place, reviendrait à accepter que la nature est plus forte que nous, que nous ne connaissons pas tout d'elle et qu'elle peut nous aider si on la traite correctement car elle n'a aucunement besoin de nous mais nous ne pouvons pas vivre sans elle.
        
      "Si mon voisin qui est lui même exploitant  agricole ne sortait pas sa pelleteuse le dimanche pour arracher mes haies, la faim dans le monde ne serait plus qu'un mauvais souvenir." Je fais avec cette phrase un raccourci qui pourrait  être une vérité et faire justement la morale de l'histoire; au lieu de la dire, je devrai aller lui parler et lui raconter ce que je sais de la nature et écouter ce qu'il sait (ce que je fais avec un autre habitant de mon village qui a un superbe potager) car à coté de ses immenses champs de maïs, il a lui aussi un potager, des animaux qu'il connaît tous, et sans le savoir il fait de l'agro écologie, comme Monsieur Jourdain, mais pour rien au monde, puisqu'il est maintenant juste à l'âge de la retraite, il remettrait toute sa vie en cause, et arrêtait de faire confiance à ceux qui lui donnent toutes les subventions dont il vit, pour acheter entre autres ses grosses machines qui lui font penser qu'il est puissant, et la junk food de super marché, en complément de ces légumes du jardin qu'il cultive "à l'ancienne" (ou presque) et de la viande des moutons qu'il élève. Mais puisque non seulement je n'ai pas une âme de militante, mais surtout parce qu'en tant qu'ex parisienne je n'ai absolument aucun crédit, et "je ne vais donc quand même pas lui apprendre son métier", la seule action qui vaille la peine pour ma part et pour l'instant est celle d'empêcher qu'au moins, chez moi, il ne fasse pas ce qu'il pense, lui, nécessaire de faire, sans même me demander mon avis. Un peu comme le colibri dont Pierre Rabhi a utilisé le nom pour fonder son ONG en 2007. Il cite cette légende amérindienne:

 « Un jour, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés, atterrés, observaient impuissants le désastre. Seul le petit colibri s’activait, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu. Après un moment, le tatou agacé par cette agitation dérisoire, lui dit : « Colibri ! Tu n’es pas fou ? Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ! »Et le colibri lui répondit : « Je le sais, mais je fais ma part. »

Je vous conseille donc de lire ce livre absolument génial qui est bien plus complet et plus lisible que mon baratin de colibri.

"L'agroécologie une éthique de vie" Pierre Rabhi, domaine du possible acte sud (8 euros) http://www.colibris-lemouvement.org/colibris

Et pour finir une vidéo que Jürgen vient de m'envoyer qui pourrait illustrer le concept d'éthique et donne des espoirs quant à la réalisation à grande échelle des projets de Pierre Rabhi, vu les risques que prennent toutes ces voitures pour laisser passer cette caravane:
http://www.dailymotion.com/video/x2zfjxo_traversee-a-risque-d-une-autoroute-par-une-cane-et-ses-canetons_news

mercredi 21 octobre 2015

Les fenêtres






8 octobre:
Quand j'ai acheté cette maison et que j'ai montré les photos à ma mère elle m'a dit:" Je sais pourquoi tu achètes cette maison: à cause des fenêtres."; En effet les fenêtres ont exactement la même forme et proportion que celles de Villebrumier et si elles sont environ 1/3 environ plus petites, de loin ce sont vraiment les mêmes, comme si j'avais acheté une maison à ma taille , ma taille d'enfant par rapport à celle de mes  parents, bien que  la forme de  la maison et  son environnement n'aient rien à voir avec celle de Villebrumier. Quand ma mère m'a dit ça je l'ai rembarrée, mais  je crois qu'elle a en partie raison surtout quand je pense que j'ai attendu 7 ans  pour prendre la décision de  les changer, ce que n'importe qui de normalement constitué aurait fait  avant même d'habiter la maison.
Ce sont des fenêtres hautes et cintrées à deux battant et à petits carreaux  typiques d'une certaine époque; Lorsque nous nous sommes installés elles étaient vraiment sales on ne voyait le jardin qu'a travers les carreaux qui manquaient, que nous avons remplacés petit à petit . Puis nous nous sommes vite aperçus que remplacer des carreaux allait devenir une tache assez régulière un peu comme se laver les dents tous les soirs mais à une autre échelle car ils tombaient comme des mouches, avec un joli bruit de verre cassé, ou non quand on avait de la chance; Pour éviter cela il aurait fallu remplacer tous le mastique qui tombait aussi,  mais  nous ne le faisions que lorsque nous remplacions le carreau cassé
Plus tous les calfeutrages divers que nous avons entrepris de faire juste avant notre premier hiver avec les  produits de saison que l'on trouve à cette époque dans tous les magasins de bricolage  (joint en mousse scotch isolants) qui  se sont avérés si inefficaces que nous  appris à vivre dans des courants d'air très vivifiants. Nous n'avions aucuns problèmes d'aérations, de condensations, ou d'odeurs stagnantes.
Dans notre chambre par exemple nous avons abandonné toute idée de chauffage car nous  nous sommes aperçus que l'air ambiant reprenait son état initial d'avant l'allumage du poêle tellement rapidement que nous avons vite trouvé inutile d'enclencher tout le processus de la mise en route du poêle à bois  pour quelques minutes de chaleur relative. Nous avons opté pour les alèses chauffantes une version souterraine des couvertures chauffantes mais bien plus efficaces, et puis la nuit on se réchauffe sous la couette c'est juste de rentrer dans son lit glacé qui est dur et pour ça nous avons pris l'habitude l'allumer nos ersatz de chauffage 1 heure au moins avant de nous coucher afin de pouvoir se glisser dans un lit chaud, effet aussi  jouissif que lorsque l'on rentre dans un bain. Donc ça c'était réglé. 
Pour les autres pièces on les abandonne l'hiver sauf le salon où l'on se cantonne Jürgen les chats et moi pendant quelques mois et qui se rempli de toutes les choses que nous allons chercher dans les pièces abandonnées au fur et a mesure de nos besoins et prend l'aspect au bout de quelques semaines de ce que j'imagine être  l'intérieur d'une caravane de Manouche.
Pourquoi alors avoir une grande maison alors qu'on s arrange très bien avec une seule pièce? Encore une énigme à résoudre.
Je m'aperçois en relisant que je ne sais pas quel temps employer: l'imparfait ou le présent? il y a maintenant des choses que je sais que nous ne ferons plus mais d'autres comme le déménagement dans le salon restent en suspens car comme dit Jürgen : maintenant les fenêtres gardent la chaleur emmagasinée dans la maison car il fait encore beau mais quand il n'y aura plus de chaleur à garder on vivra dans un genre de congélateur géant.  
Pourquoi avoir gardé ces vielles fenêtres si longtemps?  A part la question du budget,  je pourrai vous montrer des photos car nous en avons fait des tonnes, à travers les vieux carreaux gondolés qui déforment le paysage comme si il était vu il y a 200 ans, et surtout de la projection du soleil sur les murs ou sur les sols qui  crée des motifs et des couleurs  changeants continuellement selon le temps, la saison et l'atmosphère.
J'adore aussi me réveiller accompagnée de cette lumière délicieuse quand il fait beau et des toc toc toc  des petits oiseaux qui viennent becqueter le mastic  ou leur petits cris et battement d'ailes lorsqu'ils se disputent les boules de graines et de graisse que je mets sur l'appui de la fenêtre, et l'impression qui me convient de ne pas me sentir enfermée, d'être dehors tout en étant dedans, toujours pour pouvoir écouter le chant des oiseaux  et autres bruits agréables comme le vent dans les arbres ou le tonnerre; Puis des tas d'animaux aussi profitent du fait que nous ne sommes pas bien enfermés pour venir nous tenir compagnie: araignées et autres insectes volants de toutes sortes et souvent aussi des escargots, plus tous les petits rongeurs qui rentrent chez nous comme dans un moulin. L'idée que ma maison n'est pas étanche à tout ce qui se passe dans le jardin et dans le ciel paradoxalement me réconforte ; mais je dis  ça car nous sortons à peine de l'été , et parce que la fenêtre de mon bureau est grande ouverte, et aussi parce que je veux faire abstraction de l'hiver qui se charge généralement de me faire changer d'avis ...

Mais, c'est terminé,  ma fenêtre n'est plus ce qu'elle était:  Depuis hier, elle ferme je n'ai plus besoin de mettre le  tube de ferraille que je coinçais au sol et sur le montant du centre pour qu'elle se maintienne fermée, je n'entends plus les oiseaux malgré l'illusion qu'elle donne d'être ouverte, parce que j ai choisi de ne faire fabriquer des fenêtres qu'a un seul battant , et donc à travers lesquelles j'ai une vision du monde extérieur un peu plus entière, et non plus découpée en une multitude de vignette  de 20 sur 20, même pas raccord. Peut être que grâce à cela je vais me mettre à être un peu plus cohérente dans les idées que je produirai à ma table de travail , que je serai aussi moins dispersée comme on me le disait à l'école.
 Je ne voulais pas changer les fenêtres aussi parce que les modernes sont hyper moches avec leurs gros montants; Tandis que les anciennes avec leurs petits carreaux, puisqu'il était compliqué à l'époque de couler de grandes surface de verre, demandaient peu d'épaisseur de bois pour les maintenir et on supportait mieux le froid que maintenait aussi apparemment. Les systèmes de fermeture étaient aussi simples que beaux  : une grande barre en bois sur son axe qui s'enclenche dans deux encoches en haut et en bas du dormant de la fenêtre faisait une affaire très efficace
 J'ai eu donc des tas d'idées pour ne pas mettre ces affreuses fenêtres modernes: Des grands pans de verre qui coulisseraient et dont on ne verrait pas les huisseries cachées dans les épaisseurs des murs , ou  de virer toutes les fenêtres et d'envelopper une partie de la façade de la maison dans une serre en verre  avec des montants ultra fins, l'espace ainsi gagné dans l'épaisseur de la maison ferait aussi office de couloir puisque à l'étage les pièces sont communicantes, avec ouverture du toit pour l'évacuation de l'air trop chaud en été; des idées presque aussi irréalisables si l'on prend en compte les caractéristiques de mon portefeuille et de la maison, que de  la transporter dans un pays chaud; Aussi, une autre idée était de faire  poser des doubles fenêtres que l'on enlèverait l'été comme dans les romans russes, ce qui du coup aurait forcement un charme indéniable, charme qui pallierait au fait que je n'ai pas comme dans les romans russes le personnel sous la main pour cette grande manipulation bisannuelle que nous aurions du faire nous même. Tout à été imaginé et décliné pour bien me conforter dans l'idée que ces fenêtres étaient irremplaçables.
Maintenant que c'est fait je suis quand même un peu contente et j'ai presque l'impression d'habiter une nouvelle maison. La lumière est très différente et le son dans les pièces a changé en plus du fait que l'on entend plus ce qui se passe à l'extérieur ; mais ce matin j'avais l'impression de me réveiller dans un pays désertique.  


En vrac quelques photos de Jürgen et moi: